“La violence urbaine”, voilà une expression désormais à la mode, souvent utilisée par les professionnels des médias, de la sûreté nationale et des différents dirigeants. Mais que signifie réellement cette expression ? Et comment peut-on lutter contre cette forme de violence ? Tel est le thème du débat abordé hier par le forum El Moudjahid en présence de plusieurs intervenants faisant partie du mouvement associatif, des membres de la direction générale de la sûreté nationale (DGSN) et de la protection civile. En résumé, selon les interlocuteurs, la violence urbaine peut prendre plusieurs formes d'agression dans le milieu urbain : cela va du vol à l'arraché jusqu'au deal en passant par les émeutes dans les quartiers. Dans la majorité des cas, les agresseurs sont des jeunes qui s'organisent en groupes et se disputent le contrôle des quartiers, semant ainsi un climat d'insécurité. La violence, qu'elle qu'en soit sa forme, profite forcément à certains cercles économico-politiques ou autres. Le constat est fait, selon plusieurs associations, les différentes formes de violence qui éclatent çà et là sont l'indicateur d'un ras-le-bol des citoyens vis-à-vis du traitement qui leur est réservé par l'administration à tous les niveaux. “La rue est devenue, de nos jours, le seul moyen de revendication et d'expression pour les jeunes. Les multiples émeutes, qui ont eu lieu aux quatre coins du pays, sont des signes d'un profond malaise au sein de la société. Il faut maintenant arriver à définir une stratégie de communication avec les élus locaux et les présidents d'APC afin de débattre des sujets qui touchent les jeunes et tenter de trouver des solutions à leurs problèmes”, a déclaré M. Abderrahmane Bergui, président de l'association Ouled El-Houma. Ce constat a été partagé par le représentant de la DGSN, qui a signalé que la violence dans les milieux urbains a pris des proportions alarmantes ces dernières années. “Il faut travailler avec tous les secteurs pour lutter contre ce fléau social, notamment le ministère de la jeunesse et des sports, le mouvement associatif ainsi que le ministère de la santé”, a recommandé, pour sa part, M. Samir Gennef, commissaire principal à la DGSN. Cependant, il fait remarquer que la violence urbaine a connu, cette année, une baisse de 4%, comparativement à l'année dernière. On apprend, également, qu'un texte de loi a été élaboré concernant la violence dans les stades et les établissements sportifs. M. Abdelkrim Abidat, président de l'association de la sauvegarde de la jeunesse, a estimé que “trop de temps se perd en réunions et en discutions stériles. Car, pendant que nous discutons, la violence gagne du terrain. c'est pour cela qu'il faut sortir des bureaux pour mener un travail de proximité dans les quartiers”. D'ailleurs, à ce propos, l'Association de sauvegarde de la jeunesse, en collaboration avec la DGSN, va lancer le plan national de la prévention de la jeunesse et de la proximité du 5 jusqu'au 7 octobre à la Grande-poste (Alger). Ce plan prévoit une caravane de psychologues, sociologues et éducateurs qui vont tenter d'établir des canaux de communication avec les jeunes dans les quartiers populaires afin de connaître leurs problèmes et les causes qui les mènent à cette violence. Un centre de lutte contre la toxicomanie sera également ouvert incessamment.