La rue devient un lieu d'agression de prédilection. Dans 45% de ce genre d'affaires, c'est le lieu du drame. Les violences envers les femmes ont causé la mort de quatre d'entre elles durant les six premiers mois de l'année en cours. 4 239 femmes ont osé déposer une plainte devant les services de police et la justice contre leurs agresseurs avant qu'il ne soit trop tard. La violence envers les femmes a tendance à se banaliser. Ce chiffre livré par la direction de la Police judiciaire est bouleversant, parce qu'il donne un aperçu sur le nombre de ces femmes qui subissent ce sort tragique, en silence, par peur de représailles ou par honte. Elles sont les victimes effacées de la brutalité masculine. Selon le décompte des associations activant dans le domaine, une femme sur dix subit les coups de son conjoint. 69% de celles qui ont fait le choix de porter plainte ont subi des violences physiques, soit 2 928 cas. Dans 1 095 des cas, il y a eu mauvais traitement, 148 violences sexuelles, 59 harcèlements sexuels et 5 incestes. La rue devient un lieu d'agression de prédilection. Dans 45% de ce genre d'affaires, c'est le lieu du drame. En deuxième lieu, viennent les coups des époux (22%), puis des pères, des frères, des fils, des autres membres de la famille et enfin des amants. 163 cas pour ces derniers. Les violences conjugales vont du harcèlement moral au chantage affectif sur les enfants, du mépris aux agressions physiques, la séquestration, la mise à la porte, les rapports sexuels imposés et jusqu'aux meurtres. Mme Kheïra Messaoudène commissaire divisionnaire et chef du bureau de la protection contre la délinquance juvénile et la violence contre les femmes, fait remarquer qu'aucune tranche d'âge n'est épargnée. Même la septuagénaire est battue. Mais la majorité des dépôts de plainte émanent surtout de celles qui ont entre 25 et 65 ans. À l'examen de la situation familiale, on constate que les femmes mariées sont les premières victimes de ces violences (2 244), talonnées de célibataires (1 270), divorcées (400) et veuves (235). Elles sont sans profession, cadres supérieurs, fonctionnaires, étudiantes, elles exercent une profession libérale ou en retraite. Les litiges familiaux constituent dans 48% le mobile de l'agression. Il faut croire que ni le niveau d'instruction de la femme, ni son statut professionnel ne la prémunit de la violence masculine. “La violence envers les femmes n'épargne aucune couche sociale. C'est la conséquence de la dégradation des mœurs”, commente Mme Messaoudène. Même si le mur du silence est désormais brisé comme le démontre le nombre de plaintes auprès des services de police, le chemin est encore long pour mettre fin à cette tyrannie exercée sur les femmes.