Ecrire peut-il démarrer d'un rien ? La madeleine de Proust se transmet-elle d'un auteur à un autre ? Est-ce qu'un objet, aussi insignifiant soit-il, a cette capacité d'inspirer et de créer le déferlement des mots ? C'est à ces questions que Lazhari Labter, auteur et éditeur, a répondu, samedi dernier, lors du premier rendez-vous de la cinquième saison d'“Echo de plumes” au Théâtre national algérien, modéré par Abderrezak Boukeba. Pour expliquer tous ces questionnements, il a parlé de son œuvre, la Cuillère et autres petits riens, parue en 2009 à Alger. La nouveauté est que ce livre vient d'être édité en France chez Zellige édition, qui en a acheté les droits. Il a été présenté par l'autre auteur algérien non moins célèbre, Yasmina Khadra. Lazhari Labter a aussi annoncé que la traduction en arabe est fin prête. Ce livre aura, entre autres, sa version en tamazight et en italien. à propos de l'écriture de ce livre, l'auteur a expliqué que “la Cuillère a été écrit pour mon père en premier et pour ma mère ensuite”. Et d'ajouter : “C'est un livre de sentiment de culpabilité.” Pourquoi ? Après la mort de ses parents, l'auteur s'est rendu compte qu'il ne leur avait jamais dit “je vous aime”. Bien que ce sentiment ait existé, l'auteur ne s'est jamais résolu à l'exprimer. À cause d'une éducation où l'amour filial et parental n'est dévoilé qu'à travers un geste ou un regard. Il a raconté l'histoire de cette cuillère qui a fait ressurgir tant de souvenirs en lui après le décès de son père. Un objet banal mais qui occupe une place prépondérante chez lui. À chaque fois qu'il le tient dans sa main ou lui jette un regard, c'est l'effet de la madeleine de Proust. À travers son histoire, l'auteur a démontré qu'une œuvre peut se construire à partir d'un rien. Un rien qui prend de l'ampleur, selon l'individu. C'est le point de départ d'une histoire, d'une vie, car “porteur d'un tout bien précis et unique”. Reste à savoir, selon lui, comment le transmettre : “Le talent, la maîtrise de la langue, ce qu'on a à dire et surtout la sincérité.” Autres sujet abordés par l'invité d'“Echo de plumes”, le métier d'éditeur. Pour comprendre pourquoi il le pratique, il faut remonter à son enfance : le livre était un objet de fascination pour lui. Par ailleurs, il a livré quelques-uns de ses projets livresques qui consistent en l'édition d'un recueil (beau livre) des dix plus beaux poèmes d'amour de la poésie populaire algérienne du XIXe siècle. Il projette de le faire sortir à l'occasion de la Saint-Valentin. Et d'annoncer que les éditions Lazhari Labter vont se spécialiser dans la bande dessinée et la littérature jeunesse.