Après avoir frappé à toutes les portes dans le but de faire entendre leurs voix, cinq familles composées de plus de 20 personnes dont des enfants en bas âge et des personnes âgées, expulsées jeudi de la résidence de l'Institut national de la productivité et du développement industriel (Inped) de Boumerdès ont décidé d'installer des abris de fortune dans la rue, qualifiant cette décision d'expulsion d'illégale et inhumaine. “Depuis que nous sommes dans la rue, personne n'est venu nous voir, nous sommes livrées à nous-mêmes”, affirment ces familles, qui craignent pour la santé de leurs enfants et surtout leur scolarité. Une femme affirme que “ce n'est pas la justice qui a décidé cette expulsion, mais ce sont les menaces de licenciement de la direction de l'Inped à l'encontre de nos maris, tous employés au sein de l'institut, dont les responsables nous ont obligés à quitter les studios que nous habitions”, précise-t-elle. “Nous lançons un cri de détresse à Son Excellence Monsieur le président de la République pour nous venir en aide”, indiquent ces familles, qui ne savent plus à quel saint se vouer, surtout que la plupart ne sont inscrites dans aucun programme de logements. “Bien que nous payions pour ces studios un loyer entre 6 000 et 7 000 DA par mois, une somme qui est défalquée chaque mois des salaires, la direction de l'institut a décidé de nous faire expulser pour soi-disant reloger les stagiaires, or nos logements ne représentent que 1,5% des capacités d'accueil de la résidence de l'Inped”, s'interroge une autre mère de famille. Ces familles déterminées à occuper la rue sous des tentes dressées juste devant la résidence de l'institut, affirment vouloir attirer l'attention des pouvoirs publics pour leur trouver une solution à leur cause. “Au moins qu'on nous attribue des chalets pour ne pas laisser nos enfants en bas âge dans la rue”, disent-elles. Une mère de 6 enfants qui réside depuis 1994 n'arrive pas à comprendre comment l'état peut-il tourner le dos aux cadres et travailleurs qui ont payé un prix fort en servant des institutions pendant la décennie noire, quand d'autres ont fui à l'étranger. Ces familles s'étonnent par ailleurs du silence affiché par le ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements. “Tous les écrits adressés au ministère de la tutelle et aux autorités locales sont restés vains”, indiquent-elles dans la lettre adressée au président de la République. Ces cinq familles font partie des 14 familles qui logent depuis des années à l'Inped et qui avaient reçu le 2 mai dernier des notifications de décisions de justice rendues par le juge des référées près le tribunal de Boumerdès. Mais ces familles affirment avoir fait appel de cette décision et ont obtenu gain de cause. Nos tentatives pour avoir l'avis du directeur de l'Inped sont demeurées sans réponse. Mais, selon nos informations, le directeur général de l'Inped a justifié cette décision par le fait que l'institut s'apprête à libérer ces studios pour faire loger des stagiaires suivant un contrat liant l'Inped à certains ministères dont celui de la Justice. Une clause de ce contrat prévoit des chambres pour ces stagiaires que l'institut ne peut pas acquérir hors institut pour des raisons financières.