Les structures hospitalières ont pris en charge plus de 7 000 toxicomanes en 2009, a déclaré, hier, le DG de l'Office national de lutte contre la drogue et les toxicomanies. M. Abdelmalek Sayah révèle la saisie de 75 tonnes de drogue durant la même période et parle de l'extension des zones de trafic et de consommation de stupéfiants qui englobent aujourd'hui tout le pays, grandes villes et villages. “Il faut combattre ce phénomène destructeur en mobilisant toutes les énergies de la société avant qu'il ne soit trop tard”, met en garde ce responsable, précisant que les trafiquants ciblent particulièrement la tranche d'âge de 12-35 ans. Ces propos ont été tenus par M. Sayah, lors du séminaire régional pour les wilayas du Centre, organisé par l'Office national de lutte contre la drogue et les toxicomanies, qui a entamé ses travaux, hier, à l'hôtel Ryad Sidi-Fredj autour de l'application de la loi n°18-04 du 25 décembre 2004, relative à la prévention et la répression de l'usage et du trafic illicites de stupéfiants et des substances psychotropes. Cette dernière se caractérise par une nouveauté par rapport à l'ancienne législation. Elle privilégie, en effet, les mesures préventives et curatives à la répression. Ces dispositions mettent en avant l'abandon des poursuites judiciaires à l'encontre des personnes qui suivent un traitement médical de désintoxication, l'injonction thérapeutique et l'obligation de l'expertise médicale à laquelle sont soumis les consommateurs de drogues illicites. Seulement, cette loi n'a jamais réellement été appliquée en raison essentiellement du manque de clarté des procédures de sa mise en œuvre et le nombre insuffisant de structures de santé spécialisées dans la prise en charge des toxicomanes. Le problème qui se pose est dans quelles limites le médecin peut dire qu'un individu est consommateur de drogue ou toxicomane ? Quel crédit peut avoir ce document et quel sera son poids dans les poursuites judiciaires engagées par le procureur de la République ? Le magistrat doit-il considérer le rapport du médecin comme une pièce maîtresse dans le dossier ou juste un document d'information ? C'est pour éclaircir tous ces points que de nombreuses rencontres sur cette loi ont été initiées un peu partout dans le pays. Intervenant sur le trafic de drogue dans le monde et en Algérie, le directeur d'études, d'analyse et d'évaluation au sein de l'ONLCDT, M. Salah Abdennouri indique qu'avec 500 milliards de dollars, le trafic de drogue est le deuxième marché économique mondial après les armes et bien avant le pétrole. Or, 50 milliards de dollars sont uniquement consacrés annuellement par la communauté internationale à la lutte contre la drogue. En Algérie, ce phénomène a connu une hausse de 230% entre 2000 et 2007 et de 94% entre 2007 (30 tonnes) et 2009 (75 tonnes). Concernant les filières de trafic, la production marocaine de cannabis estimée à 60% du marché mondial transite en partie par le pays à destination de l'Europe, via la Tunisie, la Libye ou par les grands ports algériens. Des 73,87% des quantités ayant emprunté ce cheminement, on pense que 26,13% sont orientés vers la consommation locale. M. Abdennouri croit en la connexion des filières algériennes aux réseaux internationaux s'adonnant à toutes formes de criminalité internationale. “Les narcotrafiquants ne font pas de différence entre le trafic de drogue, la contrebande de cigarettes, la fausse monnaie, le blanchiment d'argent, la corruption, l'immigration clandestine et le terrorisme”, conclut le conférencier.