Faiblesse organique pour certains, crise morale pour d'autres. Nouveau mouvement de redressement ? Le mot est enfin lâché et derrière se profilent des noms. Parmi eux, certains avaient participé au “débarquement” de Ali Benflis. Le malaise au sein du vieux parti unique perdure et va au-delà de la sentence du 8e congrès bis avec son slogan rassembleur qui n'est, cependant, pas venu à bout de la crise qui refait surface avec, en prime, une violence autour du renouvellement des structures de base. Des affrontements physiques ont caractérisé cette opération qui s'est accélérée cette semaine. Ce qui dénote, selon Saïd Bouhedja, membre de l'instance transitoire du parti, éjecté lors du 9e congrès, “d'une crise morale profonde”. Situation qui nécessite, selon lui, des solutions urgentes. D'abord “avant la structuration, il aurait fallu traiter le problème organique au niveau des instances locales”, a justifié M. Bouhedja la sortie médiatique de ce qui s'apparente à un mouvement de redressement. “On ne peut pas structurer sans que les conditions ne soient réunies”, dit-il, accusant des responsables de la direction du parti d'être à l'origine de l'exacerbation de la situation. D'ailleurs invite-t-il ces responsables qu'il s'abstient de citer nommément, à réagir rapidement ou à assumer leur échec et laisser la tâche de remettre le parti sur la bonne voie à d'autres responsables. Il reproche également à la direction actuelle, dont nombre de cadres ont travaillé avec lui durant la transition post-Benflis, un manque de vision. Les choses pourraient aller plus rapidement puisque le groupe commence à grossir avec le renfort des mécontents. Mais cette “opposition” à la gestion actuelle du parti précise qu'elle ne vise pas la tête de Belkhadem. À la maison de Hydra, on considère la situation moins dramatique et l'on accuse une amplification des incidents épars qui ont émaillé l'opération de renouvellement des structures dans certaines localités. D'ailleurs, a estimé M. Kassa Aïssi, chargé de la communication du parti, cette situation est vécue à chaque approche d'échéance électorale. Pour lui, il y a diverses considérations à l'origine des incidents. Il y a d'abord ceux qui veulent profiter d'une situation acquise, durer à leur poste, le problème de distribution des cartes, les nouvelles et ceux qui n'ont pas payé leurs cotisations, des listes sur mesure, ceux qui ne veulent pas de l'ouverture vers les jeunes et les femmes et d'autres subterfuges… Le but est évidemment, selon lui, le positionnement. Une sorte de conflit de générations au FLN. Notre interlocuteur reconnut cependant “une faiblesse organique” même si pour lui, l'essentiel est de sortir des “kasmas provisoires”. L'essentiel est aussi, d'après lui, dans la nouvelle orientation du parti avec l'ouverture vers les jeunes, les femmes, sur les préoccupations du citoyen ainsi que le dialogue avec les autres partis. Aussi limite M. Bouhedja les incidents à 13 cas sur les 1 596 kasmas. Un cadre proche de Belkhadem a rappelé de son côté que le FLN a toujours vécu “des bagarres” avec des pressions et des intimidations et regrette que l'on réagisse en dehors du cadre du parti à travers la presse notamment. Parlant de ces anciens cadres dont certains sont encore dans les instances qui ont ouvertement pris parti contre Belkhadem, il a indiqué qu'en tant que membres du comité central, il fallait qu'ils réagissent en son sein. Récuse-t-il aussi la notion de redressement, opération qui ne peut se concevoir, selon lui, qu'au sein du parti et pas en dehors de ses instances. L'opération de renouvellement des structures doit se terminer à la fin du mois. Un temps qui semble court compte tenu des dégâts enregistrés dans certaines régions pour redresser la situation, d'autant plus que ces incidents ont fait couler du sang. Cela dit, la situation n'est pas reluisante avec les échos de rencontres au domicile de Hadjar, un des architectes du coup d'état scientifique et du mouvement de redressement, ainsi que les sorties de Goudjil et de Khaldi qui se sont attaqués à Belkhadem.