Nomination n Le président de la junte militaire au pouvoir en Guinée a nommé un général à la tête de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), paralysée par des querelles intestines qui risquent de retarder le second tour de l'élection présidentielle prévu le 24 octobre. «Le général-président Sékouba Konaté a nommé le général Siaka Toumany Sangaré comme nouveau président de la Ceni», dit un communiqué officiel lu à la Télévision dans la soirée. Sangaré remplace Louceny Camara, que l'ex-Premier ministre, Célou Dallein Diallo, accuse de partialité au profit de son rival Alpha Condé, figure historique de l'opposition. Diallo est arrivé en tête au premier tour de la présidentielle, le 27 juin, avec 44% des suffrages. Condé a quant à lui obtenu 18%. Le scrutin est censé sceller le retour à un régime civil après le putsch militaire de décembre 2008, mais le contentieux au sujet du président de la Ceni alimente les tensions et menace la tenue du second tour. Dans un souci d'apaisement, les deux candidats se sont engagés ce mois-ci à ne pas exclure du gouvernement celui des deux qui perdra l'élection, mais le respect de ce pacte reste aléatoire au vu de l'animosité croissante entre les deux camps. Certains analystes craignent un déchaînement de violence intercommunautaire, faisant valoir que Diallo et Condé représentent respectivement les ethnies peule et malinké, les deux principales qui composent la Guinée. Peu après l'annonce de la nomination du général Sangaré à la tête de la Ceni, Tibou Kamara, secrétaire général de la présidence a assuré que les responsable électoraux ne voyaient aucune raison technique de reporter à nouveau le second tour, initialement prévu le 19 septembre. Après plusieurs jours d'affrontements entre partisans des deux camps, de nouveaux heurts ont éclaté hier à Conakry. Le Premier ministre, Jean-Marie Doré, a promis hier de faire arrêter les fauteurs de troubles et ceux qui les manipulent. Il avait ordonné la veille à la police et à la garde nationale de rétablir l'ordre «par tous les moyens». «Les forces de l'ordre ont tué deux manifestants politiques», a dit hier un représentant de l'Union pour les forces démocratiques de la Guinée, un parti d'opposition. Plusieurs autres affrontements violents ont eu lieu dans les rues, à quelques jours du deuxième tour des élections présidentielles. Maka Balde affirme que deux hommes qui appuyaient son parti ont été abattus lors d'un affrontement entre policiers, forces de l'ordre et militants politiques. Des témoins ajoutent que les partisans de l'Union des forces démocratiques ont été violemment pris à partie par les policiers, qui, dans certains cas, auraient tiré des balles réelles pour disperser les foules. De plus, un représentant de la commission électorale a indiqué hier que 17 ordinateurs ont disparu de ses bureaux. Les ordinateurs devaient être utilisés pour compiler les votes, mais l'impact exact de leur disparition sur le déroulement du scrutin est impossible à prédire. Le vote du 24 octobre pourrait être le premier scrutin libre et juste à être organisé en Guinée depuis l'indépendance obtenue de la France il y a 52 ans.