Si en 2007, le taux de chômage dans la wilaya de Tizi Ouzou a été estimé par l'APW à 25%, alors qu'au niveau national il n'était que d'environ 11%, ce n'est sans doute pas en 2010 que l'on peut parler d'une baisse du chômage dans cette région. Certains chiffres rendus publics au sujet de l'évolution de la création d'emplois dans la région, par la direction de l'emploi et de la commission sociale de l'APW, à l'occasion de la dernière session tenue les 19 et 20 octobre, sont sans doute assez révélateurs sur la réalité du chômage dans la région. Alors que le nombre de demandes d'emploi déposées durant l'année 2009 auprès de l'agence de l'emploi à Tizi Ouzou est de 27 904, l'offre totale d'emplois exprimée par les différents secteurs d'activité n'était que de 4 892, et, en termes de placements, seulement 4 194 ont pu être concrétisés durant la même année. L'année 2010 n'échappe pas non plus à ce déséquilibre, non sans importance, qui frappe le secteur de l'emploi dans la région. Au 30 septembre 2010, le nombre de demandes a atteint 23 086, alors que l'offre n'est que de 3 791 postes d'emploi et le nombre de placements concrètement effectués n'est que de 3 091 jusque-là. Des statistiques qui en disent long sur la situation du chômage à Tizi Ouzou, où, contrairement aux autres régions du pays, même les solutions de camouflage, à travers les différents dispositifs précaires de création d'emplois, n'arrivent pas à cacher l'ampleur et la réalité amère de ce phénomène du chômage qui ouvre les portes à tous les dérapages sociaux. Sur le nombre total des placements enregistrés depuis la mise en place de ce dispositif, seulement 874 demandeurs d'emploi placés ont pu être permanisés, dont 342 en 2009 et 532 en 2010. Même les deux dispositifs Ansej et Cnac, mis en place dans le cadre de l'aide au montage de projets desquels il est espéré une création d'emplois, sont en net recul en termes de création d'emplois, comme le montre clairement le rapport établi par la direction de l'emploi de Tizi Ouzou. Durant l'année 2009, le nombre de dossiers de création de projets déposés dans le cadre de l'Ansej était de 4 756, alors que le nombre de projets qui ont pu être concrétisés n'est que de 1 393. Ce qui n'a pas manqué d'avoir des incidences négatives sur l'emploi puisque sur le nombre de 11 654 emplois prévus, seulement 3 514 ont été créés durant la même année 2009. Avec 2 471 dossiers déposés et 955 projets seulement qui ont abouti et qui n'ont permis la création que de 2 141 emplois sur les 6 753 attendus pour l'année 2010. Le dispositif Ansej semble ainsi attirer de moins en moins de candidats à la création de projets. Pourtant, ce ne sont pas les candidats potentiellement intéressés par la création de projets qui manquent à Tizi Ouzou, mais nombreux sont ceux qui disent êtres échaudés par les expériences de leurs prédécesseurs qui se sont retrouvés dans des labyrinthes administratifs qui ont duré plus de 5 ans pour certains d'entre eux, comme en témoignent les promoteurs qui se sont lancés dans le créneau agricole. La même situation est également à constater en ce qui concerne le dispositif plus récent qui est celui de la Cnac dans le cadre duquel 419 projets seulement ont pu voir le jour en 2009, alors que le nombre de dossiers déposés est de 702. Des projets qui ont permis la création de 1 002 emplois durant la même période alors que durant cette année 2010 qui tire vers sa fin, seulement 828 emplois sont créés dans le cadre des 403 projets qui ont vu le jour. Ainsi, à la lumière de ces statistiques dans son rapport, la commission sociale et santé de l'APW de Tizi Ouzou a eu à souligner : “Bien que la direction de l'emploi n'est même pas en mesure de fournir les indicateurs essentiels de l'emploi dans la wilaya, il est clair que l'emploi qui doit être un élément dans le développement social et de la promotion de l'individu est remplacé par des formes de solidarité cachant très mal la précarité de l'emploi dans notre wilaya.” La même commission a également conclu que “la wilaya de Tizi Ouzou vit le chômage plus que les autres régions du pays, et ce pour plusieurs raisons, dont le retard dans le développement économique et social, l'insécurité qui a engendré la délocalisation des entreprises et l'absence de l'investissement”. Le constat sur l'emploi dans la wilaya de Tizi Ouzou suffit sans doute à lui seul pour remettre en cause “le développement socioéconomique en cours dans la région” à chaque fois brandi et défendu bec et ongles dans les discours des pouvoirs publics et de certains hommes politiques.