À Bordj Menaïel, il est toujours difficile de déambuler sans courir le risque d'être fauché par un véhicule. Presque tous les trottoirs et les passages piétons sont squattés par des commerçants. La plupart occupent des baraques hideuses et nombreux sont versés dans l'informel. Aujourd'hui, ce sont les venelles du centre-ville qui sont occupées. Le laisser-aller et le silence des services concernés par ce problème ont encouragé certains commerçants à occuper carrément les ruelles. La marchandise est entreposée sur le bitume. Ainsi, les automobilistes arrivent difficilement à se frayer un passage. Les riverains qui résident au centre-ville, notamment du côté de Souk El-Djemaâ ou du côté du boulevard Amirouche encore en ruine, ne peuvent plus désormais regagner leurs habitations. En face de la daïra mais aussi dans plusieurs autres endroits de la ville, les piétons sont contraints de disputer la rue aux automobilistes. “Nous avons hérité de cette situation de l'ancienne APC et nous sommes en train d'y remédier non sans difficultés”, avoue M. Gabour, le jeune président de l'APC. Un nouveau marché de 80 places a été réalisé par la municipalité pour faire face à cette anarchie. De même qu'il a été décidé de réhabiliter Souk El-Djemaâ, un marché datant de l'époque coloniale et qui a disparu depuis le séisme du 21 mai 2003. Ce projet incitera, de l'avis des élus, les commerçants qui occupent les trottoirs à libérer les endroits utilisés illégalement. Mais certains commerçants hésitent déjà à adhérer à cette mesure salutaire initiée par l'exécutif, nous ont affirmé des citoyens de la ville. Cependant, le président de l'APC demeure serein et optimiste. “Nous sommes en train de convaincre les commerçants un par un afin qu'ils rejoignent ces nouvelles structures”, dit-il. En plus de ces deux marchés, et malgré ses faibles ressources, la commune peut construire un marché de gros de fruits et légumes à haï Si-Mustapha-Benboulaïd, juste à l'entrée de la ville. Ce projet est très attendu par les commerçants et les agriculteurs de toute la région. “À cela s'ajoutent les 100 locaux commerciaux destinés aux jeunes dont 60 réalisés à Bousbaâ et 20 à Mustapha-Benboulaïd”, affirme le P/APC. Par ailleurs, la commune et la daïra de Bordj Menaïel ont pris le taureau par les cornes en distribuant les 230 logements de la cité Socothyd qui ont été longtemps squattés eux aussi par des indus occupants. L'attribution de ces logements tant redoutée n'a suscité aucune réaction hostile de la population. “L'opération s'est déroulée dans une transparence totale et toutes les réclamations émises par les citoyens ont été prises en charge”, souligne M. Gabour. Il compte distribuer les 500 autres logements sociaux déjà achevés pour contenter le maximum de citoyens. En plus de ce programme, la commune compte profiter des 230 logements LSP et autres programmes ruraux pour faire face à la crise du logement qui prévaut actuellement. “Depuis l'année 2000, notre commune n'a bénéficié d'aucun programme de logements, c'est dire que la tension persistera vu le nombre de demandes de logement évaluées à 5 000” , ajoute-t-il. Dans un autre registre, l'APC veut mettre fin au problème récurrent de l'eau potable qui se pose dans certaines localités, comme la haute et la basse ville mais aussi Aïn El-Hamra. Dans le domaine des travaux publics, plusieurs routes reliant des villages isolés ont été goudronnées mais beaucoup reste à faire sur ce registre, reconnaît M. Gabour. On a appris également l'alimentation en gaz naturel de plusieurs centres urbains. Sur les chapitres jeunesse, sport et santé, la commune a réalisé 9 complexes sportifs de proximité et compte bientôt réceptionner une salle omnisports et une piscine semi- olympique, ainsi qu'un centre de santé à haï Si-Mustapha-Benboulaïd et une crèche. L'hôpital de Bordj Menaïel sera lui aussi doté d'un scanner et d'un nouveau bloc opératoire alors qu'une maternité sera bientôt construite. Mais, de l'avis de beaucoup de citoyens, ces efforts restent en deçà de leurs attentes. “L'APC ne peut pas à elle seule venir à bout de tous les problèmes, l'Etat doit s'impliquer, il nous faut un plan de sauvetage pour la ville qui traîne encore les stigmates du séisme du 21 mai 2003”, nous ont affirmé plusieurs commerçants de la ville.