Demain, c'est-à-dire deux ans presque jour pour jour après le triomphe historique de Barack Obama à la présidentielle américaine, le voici confronté à un test électoral aux enjeux multiples. Mardi prochain les Américains seront appelés à renouveler la Chambre des représentants (435 sièges), plus d'un tiers du Sénat (37 sièges sur 100) et élire 37 gouverneurs. Depuis plusieurs jours, tous les sondages annoncent la défaite des démocrates et le renouveau des républicains. Les projections les plus récentes créditent les premiers de 48% et les seconds de 52%. La victoire des républicains à la Chambre des représentants semble inéluctable et ils pourraient refaire leur retard au Sénat, même s'il est peu probable qu'ils puissent atteindre la majorité dans cette dernière institution. Le risque de plus en plus effectif de perdre sa majorité au Parlement a poussé le président Obama à se jeter dans la bataille électorale et à impliquer même son épouse Michelle. Il est néanmoins persuadé que si les démocrates venaient à perdre ces législatives, il s'agirait davantage d'une défection de leur électorat que d'un quelconque rejet de sa propre politique. Aussi a-t-il ciblé des Etats comme le Nevada, où la participation n'a jamais été massive, pour tenter de mobiliser les troupes, convaincu qu'un taux de participation élevé favorise les démocrates. Il semble pourtant que la bataille est menée sans grand espoir et sans conviction. Tout laisse croire qu'il ne s'agit que d'une bataille de principe. Le président Obama se prépare déjà à composer avec une victoire républicaine, comme en témoigne la récente nomination de Pete Rouse au poste de secrétaire général de la Maison-Blanche, à la place de Rahm Emanuel engagé dans la course à la mairie de Chicago. Le nouveau secrétaire général est en effet connu pour ses qualités d'homme de compromis, et la Maison-Blanche en aura fort besoin si les républicains gagnent la majorité à la Chambre des représentants, hypothèse plus que probable. Dans un tel cas de figure, le président Obama devra négocier ardument chacun de ses futurs projets et le nouveau secrétaire général serait alors un collaborateur précieux. La même situation, une sorte de cohabitation à l'américaine, a été vécue par Bill Clinton en 1994, ce qui a lourdement handicapé son action, au moins sur le plan de la politique interne. Il ne saurait en être autrement pour le premier président noir des Etats-Unis. Même la politique étrangère de Barack Obama pourrait s'en trouver affectée. Une majorité parlementaire républicaine pourrait contraindre le locataire de la Maison-Blanche à réfréner sa marche de normalisation avec la Russie et à remettre en cause la politique de dénucléarisation engagée entre les deux puissances. Le président pourrait aussi être poussé à être moins conciliant avec la Chine et invité à engager un bras de fer avec l'empire du Milieu, voire lui infliger des sanctions. En Afghanistan les républicains pourraient le contraindre à retarder le retrait des troupes prévu pour 2011. Une politique de plus grande fermeté pourrait être adoptée face au programme nucléaire iranien et, dans le conflit du Proche-Orient, Obama pourrait se voir forcé à plus de compréhension et de mansuétude à l'égard de l'allié israélien. A contrario, une telle situation n'aurait pas que des aspects négatifs pour Barack Obama. Cela pourrait même être une chance pour lui dans la perspective des présidentielles de 2012. Les républicains seraient dans l'obligation d'assumer le bilan des deux prochaines années, bilan qui ne pourra être que mitigé, comme à chaque fois qu'il y a cohabitation. Et il se trouve que tous ses prédécesseurs qui ont vécu une situation analogue ont été régulièrement réélus pour un second mandat.