RéSUMé : Fettouma est emmenée dans sa nouvelle demeure. Elle est triste et émue. Sa sœur Samia la rassure. Tout à l'heure, quand elle verra Mahmoud, tout entrera dans l'ordre. Fettouma n'y avait pas du tout pensé… 12eme partie Elle se surprend à se demander si elle ne rêvait pas de toute cette scène et de tout ce tapage. Elle se pince et constate qu'elle avait mal. Non, elle ne rêvait pas. C'était réel. Aujourd'hui, elle se marie avec Mahmoud. Elle jette un coup d'œil circulaire et constate que lla Kheïra avait tout prévu. Non seulement le décor était magnifique, mais les objets et les rideaux sentaient le luxe. Elle passe une main sur le couvre-lit en soie mitonnée et remarque que Faïza sa sœur la regardait. Elle sourit et lui chuchote : - C'est du neuf, lla Kheïra n'a pas lésiné sur les dépenses. - Tant mieux pour toi Fettouma, tu n'auras plus à tendre la main pour demander quelque chose durant un bon bout de temps. - Oui, ça, je le savais. Elle aime mettre plein la vue cette vieille Kheïra. Faïza sourit. - Chut ! pas trop de zèle. Tu viens à peine d'arriver chez elle. Si jamais quelqu'un t'entendait, tu en auras plus tard pour tes frais. Fettouma ébauche un sourire triste. - Maman va me manquer. - Oh, ce n'est qu'une impression ! Elle est juste au-dessus de toi. - Oui. Mais ce ne sera plus jamais comme avant. - Hélas non ! N'oublie pas que Samia et moi-même sommes aussi mariées et habitons à des kilomètres de chez nous. - Je sais. Peut-être que je serais moi aussi à des kilomètres de maman, même si elle est juste là. Faïza comprend à l'expression de sa sœur que cette dernière avait peur. Elle était encore trop jeune et inexpérimentée pour affronter la vie qui l'attendait. Elle tend la main et lui caresse le visage. - Ne t'inquiète donc pas. Toutes les jeunes mariées passent par cette “angoisse”, mais cela finira bien par disparaître. Tu vas bientôt t'habituer à ta nouvelle vie, et puis Mahmoud est un gentil garçon que tu connais bien de surcroît. On vient servir le café et les gâteaux, et les femmes qui entouraient Fettouma se dispersent. Quelques-unes avaient préféré prendre place sur les nombreuses chaises disposées à leur intention dans la grande cour pour profiter de la fraîcheur du soir naissant. Des jeunes filles chantaient à en perdre haleine et des youyous fusaient çà et là de temps à autre. Lla Kheïra surveillait du coin de l'œil les femmes qui s'affairaient autour du dîner. Un couscous était prévu pour toute cette assemblée à une époque où la faim incitait les gens à rechercher le moindre bout de grain de semoule. Lla Kheïra avait demandé à son mari d'égorger un mouton afin que tous ses invités soient rassasiés. Chose vraiment rare en ces temps de vaches maigres. Fettouma reste seule un moment avec ses deux sœurs. Ces dernières en profitent pour remaquiller ses yeux et enlever les traces laissées par ses larmes. - Tiens-toi donc tranquille que je puisse retracer ton khôl, lui lance Samia, agacée par la nervosité de sa sœur. à suivre Y. H.