“Quelles politiques de sécurité alimentaire pour l'Algérie en 2025 ?” C'est le thème d'un séminaire international que compte organiser le Centre national d'études et d'analyses pour la population et le développement, les 12 et 13 février prochain. Le constat est effarant : le pays est le premier importateur africain de denrées alimentaires, à hauteur de 75% de ses besoins. “L'insuffisance de la production agricole algérienne, associée à une demande massive et croissante de produits agroalimentaires, induits par un changement progressif du modèle alimentaire, font de l'Algérie un pays structurellement importateur et donc fortement dépendant : 20% de la valeur de ses importations sont des biens alimentaires”, peut-on lire dans l'argumentaire de la rencontre. La demande nationale en céréales n'est couverte en moyenne qu'à 25% par la production locale. La part du budget des ménages algériens affectée à l'alimentation se situe autour de 45%. De même, chaque année, l'Algérie importe 60% de sa consommation de lait en poudre. La croissance annuelle moyenne du marché algérien des produits laitiers est estimée à seulement 20%. Pour ce qui est des importations alimentaires, elles sont passées de 1 milliard de dollars en moyenne dans les années 1970 à 2 milliards dans les années 1980, à 3 milliards en 2003 et à plus de 8 milliards en 2008. Les produits agricoles constituent 30% du total des importations du pays, et la volatilité des prix mondiaux fait peser de grandes incertitudes sur les montants de la facture alimentaire à allouer chaque année, note le Cneap. Cette institution pense que l'Algérie, à l'instar des pays en développement, doit se préoccuper de la question de la sécurité alimentaire, tant que le déficit est structurel. “L'agriculture algérienne a enregistré une amélioration certaine depuis le Plan national de développement agricole, mais elle demeure loin de satisfaire les besoins alimentaires du pays. De toute évidence, elle ne peut constituer, à elle seule, une réponse à ce déficit”, indiquent les experts du Cneap. En effet, la progression de la dépendance externe du système alimentaire algérien l'expose au risque de pénurie et de fluctuation du marché et donc aux difficultés d'accès à la ration de base pour les populations, dont celles à faibles revenus. “L'offre mondiale sera-t-elle toujours suffisante, pour combler les déficits, et le sera-t-elle à des prix compatibles avec les moyens de paiement des pays importateurs dont l'Algérie, ou des pouvoirs d'achat des populations ?” se demande-t-on dans l'argumentaire de la rencontre. Les experts du Cneap pensent que jusqu'à l'échéance théorique de 2030-2040, les recettes générées par les exportations de pétrole et de gaz “assureront, comme elles le font aujourd'hui, le paiement de la facture alimentaire. Au-delà, le futur alimentaire est incertain, si, d'ici là, ne se mettent pas en place des solutions alternatives fondées sur la création de valeur ajoutée, sur les productions et les services exportables, substituables aux hydrocarbures”. Les experts qui interviendront lors de ce prochain séminaire international contribueront à tracer des pistes de réflexion et d'action en vue d'une mise en œuvre d'une efficace politique nationale sur la sécurité alimentaire. Leurs recommandations seront-elles appliquées par les pouvoirs publics ?