RESUME : Des années passent. Fettouma et Mahmoud eurent encore deux enfants. Si Tayeb, qui prenait de l'âge, avait laissé la gérance de ses magasins à son fils et passait ses journées au café où on parlait d'une éventuelle révolution qui se préparait. 38eme partie De jeunes écoliers sont invités aux tables des cafés pour lire les dernières nouvelles diffusées dans les journaux. On apprenait alors que les Français avaient engagé des opérations de ratissage de grande envergure dans les recoins les plus sombres du pays pour déloger ces “terros” qui menaçaient la paix publique. Les vieux hochaient la tête d'un air sérieux et ébauchaient parfois un sourire ironique. Ils connaissaient leurs enfants, et ce “nif” légendaire qui caractérisait leur peuple, et savaient que seule une révolution bien organisée serait salvatrice pour l'avenir du pays. Le “Roumi” prêchait le faux pour avoir le vrai. Et le vrai était que, contrairement à ce qu'on diffusait dans les journaux et à la radio, les colonialistes savaient que la guerre est imminente. Comment et quand ? C'était là le point culminant de leurs angoisses. Cela sentait le souffre jusque dans les taudis des charbonniers et ce n'était pas pour les rassurer. Mahmoud avait déjà eu écho de certaines “opérations” entreprises en secret par des compatriotes. Il en avait parlé à son père, qui n'avait pas hésité à lui donner le feu vert pour participer aux quêtes et aux aides dont pourraient avoir besoin ces hommes qui vont combattre l'ennemi et libérer le pays. En secret, Mahmoud cultivait l'espoir de rejoindre un jour ces combattants. Il promet intérieurement d'attendre le début de la révolution pour monter au maquis. Un de ses amis d'enfance l'avait informé sur ce qui se trimait dans les profondeurs de La Casbah. Et cela le motiva davantage pour songer sérieusement à s'allier à ses hommes qui vont se sacrifier pour l'indépendance de leur pays. Bien sûr, ni Fettouma et encore moins sa mère n'étaient au courant de ses projets. Mais Si Tayeb avait compris que son fils était fort motivé par cette révolution dont on entendait parler et qui ne tarderait pas à éclater. Il savait que Mahmoud n'hésiterait pas à monter au maquis à la première heure. Bien que son cœur saignait à la perspective de perdre son fils, Si Tayeb sentait une grande fierté le gagner. Mahmoud sera un héros… Il ira combattre l'ennemi pour assurer l'avenir de ses enfants et de sa famille. Un jour il en parla à Si Ahmed. Ce dernier, un peu surpris au début, finit par admettre la chose. Même si au fond de lui, il craignait que l'avenir de sa fille Fettouma et de ses petits-enfants ne soit compromis après le départ de son gendre. (à suivre) Y. H.