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L'envolée extraordinaire du management en Algérie
BONNE GOUVERNANCE
Publié dans Liberté le 19 - 12 - 2010

La mise à niveau des entreprises en Algérie se cherche encore en dépit des tentatives plus moins réussies menées dans le cadre de la relance économique.
Pour la généraliser et surtout lui garantir une plus grande chance de succès, les experts préconisent la prise en charge du volet ressources humaines à travers la formation de haut niveau de cadres au même titre que celles enseignées dans les grandes écoles de management et de gestion de par le monde. C'est ce qui ressort des travaux et débats de la journée d'information sur la mise à niveau des entreprises et les nouvelles techniques de management, tenue à l'hôtel militaire de Blida en présence des chefs d'entreprise et responsables des ressources humaines, à l'initiative de l'Insim (Institut International de management) qui vient d'ouvrir une antenne à Blida en partenariat avec le groupe Sim dans le but de prendre en charge les besoins locaux..
Le processus de généralisation de l'enseignement de qualité a fait des progrès extraordinaires dans de nombreux pays, notamment du sud-est asiatique et du Golfe. L'importance accordée au volet ressources humaines et la formation de haut niveau est pour beaucoup derrière le boom économique de ces pays, explique l'expert international en management M. Abdelhak Lamiri, enseignant à l'université d'Harvard et consultant d'institutions internationales pour les programmes d'aide aux pays en développement. Il cite à titre illustratif, la Chine qui fait sortir plus de promotions sur place, de diplômés portant le cachet de l'université d'Harvard que celles accordées par l'université elle-même aux USA. Il révéla que des pays africains comme le Mali pourtant, moins pourvus que l'Algérie, ont réussi à mettre sur place un système de formation de haut niveau grâce au concours d'aide. Sur ce plan, l'Algérie, qui table pour une croissance économique assez forte dans les prochaines années, ne doit pas être à l'écart de ce qui se fait ailleurs. Pour cela, elle a de grands atouts pour combler le vide et rattraper le retard.
Quand Harvard, Québec et Paris s'invitent chez nous
Chose qui était impensable, il y a quelques années, devient à portée de main aujourd'hui avec les ouvertures des instituts et des écoles en Algérie dispensant des enseignements de qualité en étant agréés par des universités de renommée dans les pays occidentaux de France, de Grande-Bretagne, de Canada et des USA à l'exemple de l'Insim. Beaucoup de responsables chargées des ressources humaines et de chefs d'entreprise ne savent pas qu'ils peuvent décrocher cette opportunité et faire en profiter leurs cadres. Dans le temps, l'Algérie accordait des bourses à coup de millions de dollars pour offrir des formations à de chanceux étudiants dans le but d'alimenter les entreprises en cadres supérieurs, mais étaient nombreux ceux qui ne revenaient pas. Maintenant la tendance commence à s'inverser. Avec l'ouverture, aujourd'hui, il devient en effet possible de bénéficier de la formation de même niveau et surtout de la même reconnaissance tout en étant sur place avec des économies de temps et d'argent à l'Etat et aux étudiants. Ces derniers économisent surtout l'éloignement et le dépaysement. Les études pour un master retiennent à plus de 10 000 dollars à l'étranger en plus d'autres désagréments, alors qu'ils ne coûtent que 2000 dollars sur place pour le même diplôme. Des entreprises ont cependant pris acte de cette opportunité à l'image des groupes Cevital ou du groupe Sim, surtout dans la région de la Mitidja en investissant énormément dans le développement des ressources humaines. Les patrons d'entreprises performantes sont souvent sollicités pour animer des conférences sur l'importance du management dans le montage et la gestion des entreprises.
La bataille actuelle et future
Le débat s'il y en a un n'est pas uniquement sur le terrain de la formation et de la pratique. Il est surtout sur le plan des idées et des nouvelles orientations de par le monde sur la recherche et la maîtrise des meilleures approches et des techniques les plus performantes en partant de la conviction que l'ouverture et l'entrée dans l'économie de marché ne se décrètent pas sur papier sans être suivies par la préparation des cadres et chefs d'entreprise selon le nouveau mode de pensée, de comportement et de conduite. Le risque d'entreprendre, l'expérience et la bonne gestion, les éléments de base de l'économie de marché ont été pendant longtemps, nous explique un chercheur,, négligés chez nous pour des considérations “socialisantes” aussi bien en pratique qu'en théorie. Si bien que le déficit en management hérité est difficilement effaçable. Il fallait repartir à zéro. En moins de vingt années, les instituts de management privés ont progressé rapidement en passant à une vitesse supérieure pour se charger de la formation en management, devenu le dada des débats des séminaires pour la valorisation des ressources humaines. Le monde de la recherche, de l'enseignement et celui de l'entreprise ont compris le message. Pour investir et bien gérer et pouvoir surtout prospérer et avoir sa place dans le marché tant intérieur qu'extérieur, il faut bien gérer et donc être doté de gens compétents. C'est la bataille actuelle et future. Des professeurs formés à l'école libérale, hier décriée, haïe et chassée, reliés par des penseurs et spécialistes reconvertis ou émergeants parmi les jeunes en essayant de mieux s'adapter au contexte nouveau, se redéployent de plus en plus pour renforcer cette tendance.
Nouvelle génération
de chercheurs
Il faut rendre hommage, notamment aux écrits de la part de notre nouvelle armada de penseurs du calibre de Benbitour, Boukrami, Lamiri et tant d'autres pour mettre en exergue les capacités nationales et le développement de l'engineering local en ouvrant la voie aux jeunes entreprenants. On a parlé de Nobel pour la paix et la littérature de chez nous. Le moment est venu de proposer des noms algériens dans le domaine de la recherche des sciences sociales et en particulier de l'économie. Les efforts de nos économistes et opérateurs dans la bataille de l'émergence et de la croissance de développement ne sont pas vains car c'est dans les pays en voie de développement que l'on peut mesurer le sens de la conjugaison de la théorie à la pratique d'autant plus qu'ils affrontent un environnement difficile avec des mentalités hostiles et des besoins immenses. Le professeur Benzina de l'université de Blida a salué l'orientation nouvelle et la place que doit occuper le management dans l'enseignement supérieur en soulignant l'intérêt grandissant de l'université qui ne veut pas demeurer à l'écart malgré le poids des réticences et le refus de s'ouvrir, Sur ce plan, nos universités accusent un retard important, d'abord pour faire leurs lessives et ensuite pour se préparer aux nouvelles exigences d'enseignement. Les opérateurs et les chefs d'entreprise qui ont été nombreux à la rencontre de Blida, vu le thème proposé et les débats qui ont suivi, ont eu leur mot à dire en voyant comme un ballon d'oxygène au secours des entreprises qui en ce moment traversent des moments difficiles pour se niveler et pouvoir se placer dans un contexte national et international plein de turbulences et des surprises. C'est le président du groupe Moula (Vénus) qui s'est félicité de l'ouverture de l'antenne de l'Insim à Blida, fruit de partenariat avec le groupe Sim en étant proche du pôle industriel de la Mitidja, Le monde civil et libéral voit aussi de bon œil cette option. Intervenant dans les débats, maître Farouk Ksentini, président de la Commission des droits de l'homme, a salué lui aussi ces initiatives de valorisation et de développement des ressources humaines en voyant un moyen efficace dans la promotion du cadre et partant de l'homme en Algérie.
Ouverture et démocratisation : l'exemple de l'Insim
Créé en 1994 à Hydra (Alger) par un groupe d'enseignants chercheurs, l'Institut international de management, Insim, est l'un des premiers établissements privés de formation en Algérie. Devenu leader de la formation en Algérie, l'Insim avec sa filiale Himi, s'est fixé pour mission de préparer des futurs managers à des postes de responsabilité aux fonctions des entreprises. L'Insim a formé depuis sa création 30 000 étudiants dans les différents domaines de management. Il compte plus de 9 000 étudiants en cours de formation. C'est l'équivalent presque d'une université. C'est de fait une forme de privatisation de l'enseignement supérieur sans dire son nom en étant directement attachés aux programmes des grands instituts et universités avec des diplômes certifiés, alors que la quasi-totalité de nos universités ne sont pas homologuées. Celles-ci fautes d'ouverture et d'adaptation figurent à la traîne des universités, y compris de pays moins développés et moins riches. C'est dire que ce n'est pas la richesse qui crée les idées, conditions sin qua non à la création de la richesse et de la croissance économique et de la promotion de l'homme. Il reste à mieux démocratiser cet enseignement privé concernant le management encore accessible aux fils de riches et de familles nanties. Le directeur de l'Insim de Blida répond que pour les cycles supérieurs spécialisés, beaucoup d'efforts ont été consentis, réduisant le montant global d'un cycle de formation de plus de 80 millions de centimes à moins de 30 millions grâce à une politique de démocratisation en jouant sur le nombre d'antennes ouvertes, plus d'une dizaine à l'échelle nationale en se rapprochant des cadres et des jeunes et des entreprises et également grâce aux avantages des aides indirectes de l'Etat par la disposition des aides à la formation avec exonération d'impôts. Les entreprises peuvent à travers ces aides bénéficier les cadres les plus méritants et qui souvent sont nécessiteux. Tout le monde y gagne. Autres temps, autres mœurs. Qui l'aurait cru?


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