La mosquée En-Nour. Elle est sans doute la plus belle et la mieux tenue d'Oran. D'abord de par son emplacement. Elle est construite sur les hauteurs, dans le quartier le plus chic de Gambetta, à une centaine de mètres seulement de l'hôtel Sheraton. Ensuite, elle multiplie les services en direction des fidèles et de leurs familles. Crèche pour enfants, cours de couture pour jeunes filles, quête pour les plus démunis, collecte de sang pour les dispensaires et bien sur conférences religieuses sur les grands thèmes du texte sacré. Djemaâ En-Nour est également connue pour la qualité scientifique et pédagogique de ses prêcheurs qui sont tous bilingues et la pureté exceptionnelle de la voix se son muezzin. Voilà pour le décor. Voyons maintenant pour les personnages. Il y a les fidèles bien sûr. Ils sont de plus nombreux tous les jours. Ils viennent de partout et parfois de très loin, surtout les vendredis. Il y a le mendiant. La quarantaine, discret, c'est un homme calme qui ne fait pas parler de lui. Il occupe toujours la même place à la sortie de la mosquée et ne s'accroche jamais aux basques des fidèles pour les relancer ou leur demander la moindre ziara. Il accepte ce qu'on lui donne sans dire un mot. Il y a le voleur. Personne ne l'a jamais vu. C'est Fantômas et la fille de l'air réunis … Et pourtant des dizaines de paires de souliers ont été dérobées des rayons et ont disparu sans laisser trace. Et puis la semaine dernière, tout ce beau monde, par le plus grand des hasards s'est heurté nez à nez avec le chenapan. Un fidèle l'a croisé, le voleur a tenté de fuir, le mendiant par un croc-en-jambe l'a stoppé, le fidèle l'a plaqué au sol, le voleur a crié, les fidèles ont hurlé. Pitié pour le malheureux ont demande les uns, il faut qu'il paie ont réclamé les autres. Le mendiant lui s'est muré dans son silence et a déjà baissé le rideau. M. M.