Ce n'est pas en enterrant l'année 2010 que nous oublierons ces Algériens contraints à l'émeute pour se faire entendre, ou encore ces jeunes qui bravent les dangers de la mer pour partir ailleurs. Les caisses sont pleines mais les cœurs vides. C'est ce que nos dirigeants se refusent de voir. Depuis peu, l'Algérie s'ouvre à tout vent. Elle invite chez elle des conférences internationales sur la décolonisation et célèbre le cinquantenaire des indépendances. Un vent d'ouverture souffle-t-il chez nous qu'au même moment les “déjeuneurs” ? écopent d'une peine de prison même si avec sursis. Mais la peine reste enregistrée même si elle n'est pas lourde. Ce qui fait la satisfaction de la société civile mobilisée. Il y a des signes qui ne trompent pas comme ce procès en appel des dirigeants de la compagnie maritime où le procureur a demandé la perpétuité qui s'est soldé finalement par un non-lieu. Bien que les accusés aient purgé une peine de prison douloureuse puisque certains n'ont pas pu suivre jusqu'à sa dernière demeure un être cher. À la croisée des chemins, comprenant que l'Algérie fait partie malgré elle, au grand dam de ses dirigeants, de la nouvelle carte imposée par la mondialisation et le découpage par régions, ces mêmes teneurs du pouvoir tendent à lâcher du lest. On parle d'ouverture des médias lourds, en particulier de la télévision en direction des différents courants avec des débats politiques, de l'entrée tout azimut sur le territoire national aux différentes ONG qui souhaiteraient prendre le pouls de leur centre d'intérêt. Quelqu'un a du décider de cette ouverture et nous savons qui. La question serait pourquoi cet élargissement des libertés publiques quand on sait que le wali de la capitale s'est fait taper sur les doigts quand il a interdit la réunion des associations sur la violence contre les femmes, au moment de la célébration de cette journée au niveau international. Y a-t-il un vent de changement ? et c'est tant mieux ! Y a-t-il un autre courant qui veut s'imposer par ces ouvertures, au détriment des partis de l'Alliance et qui veut se présenter comme une alternative et prendre la succession du locataire d'El-Madania ? Des comités de soutien au Président ou à son programme naissent chaque jour, et la concurrence est déjà rude, avec en appoint cette crise qui taraude sérieusement, et pour la première fois, le FLN, qui subsiste du bénéfice de son passé historique. Est-ce à dire que les campagnes électorales sont déjà lancées ? Il y a peu de doute quand on voit ces frémissements qui donnent déjà froid dans le dos, au détriment d'une population hébétée dans un pays riche par ses réserves naturelles, ses hommes et ses devises emmagasinées dans un bas de laine mais, malheureuse dans ce jeu dont elle est out, alors qu'elle est le véritable moteur. Ce n'est pas en enterrant l'année 2010 que nous oublierons ces Algériens contraints à l'émeute pour se faire entendre ou encore ces jeunes qui bravent les dangers de la mer pour partir ailleurs. Les caisses sont pleines mais les cœurs vides. C'est ce que nos dirigeants se refusent de voir. Demain sera une autre année, l'année de tous les espoirs ou du désespoir. O. A. [email protected]