Cette hausse des prix, injustifiée, quoi qu'en disent les promoteurs et les maîtres d'ouvrage, a été alignée sur les prix du marché parallèle où des F4 et F5, situés en plein centre-ville, datant de l'époque coloniale, presque en ruine, ont été cédés à des tiers pour plus d'un milliard de centimes. Oran est en passe de rivaliser avec les grandes villes comme Paris, Tokyo, Toronto… en matière de hausse des prix de l'immobilier. “1,2 milliard de centimes (plus de 120 000 euros) pour un F4 dans un quartier ‘pas terrible'. C'est de la folie !”, s'insurge un cadre exerçant dans la communication. En effet, l'immobilier flambe. Avec des prix officiels pratiqués par l'agence foncière de la wilaya d'Oran, qui varient entre 12 000 et 13 000 DA le m2 pour un lot à bâtir, et des agences immobilières qui proposent des F3 à 600 et 700 millions de centimes, les habitations sont devenues inaccessibles aux fonctionnaires et même aux cadres des administrations et des entreprises. “Le prix d'un F3 LSP (logement socio-participatif) où l'aide de l'Etat est de 70 millions de centimes, varie entre 240 et 270 millions de centimes (soit une moyenne de 370 DA/m2 bâti). Mais pour trouver une place, c'est la galère”, affirme un enseignant universitaire menacé d'expulsion de son logement de fonction par son ex-employeur. Quant aux logements promotionnels, qui poussent comme des champignons le long de la côte est de la ville d'Oran, les prix frisent l'impossible pour des milliers de demandeurs. Cependant, cette hausse des prix, injustifiée, quoi qu'en disent les promoteurs et les maîtres d'ouvrage, a été alignée sur les prix du marché parallèle où des F4 et F5, situés en plein centre-ville, datant de l'époque coloniale, presque en ruine, ont été cédés à des tiers pour plus d'un milliard de centimes. Du coup, la crise du logement s'accentue et touche la plus grande frange de la société, formée de fonctionnaires, d'ouvriers, de petits commerçants, de retraités et aussi de chômeurs. Les émeutes de cette fin d'année à Oran, Alger, Annaba et autres villes du pays, sont un signe révélateur des mal-logés et de la demande croissante. “Ces F4 et F5 à 1 et 2 milliards sont destinés aux nouveaux riches de ce pays et des spéculateurs. Ce n'est pas pour nous”, se désole un fonctionnaire qui loue un F2 à 8 000 DA/mois. Pourtant, le programme ambitieux de l'Etat d'un million de logements (tous types confondus) a été réalisé entre 2004 et 2009, selon le ministre Noureddine Moussa. Le second million de logements (programme de 2010-2014) est en cours de réalisation. Mais, apparemment, la crise persiste, à en croire les chiffres avancés des demandeurs de logements à travers les 1 541 communes du pays. D'ailleurs, plusieurs distributions de logements ont été retardées pour éviter la colère des oubliés. Si les promoteurs immobiliers ne cessent de soulever la hausse des prix des matériaux de construction, de la main-d'œuvre, du prix du terrain et des autres charges, il faut admettre que les prix pratiqués sur les logements découragent les citoyens en quête d'un toit. “Quand l'agence foncière de la wilaya d'Oran exige 12 000 dinars le mètre carré pour un terrain à bâtir dans un village de 17 000 habitants, il y a anguille sous roche. Que dire d'un terrain à bâtir en plein centre-ville ?”, s'interroge un citoyen.