La présidente du tribunal d'Alger a décidé que l'expert fasse état de tout le document qu'il a fourni à la justice et qui a servi pour évaluer le montant des préjudices imputés aux accusés. L'expert est le dernier à passer au prétoire, avant la plaidoirie de la partie civile et le réquisitoire de l'avocat général. L'expert a révélé ainsi qu'il y a eu au moins des spéculations, notamment sur deux parcelles de terrain destinées initialement à la réalisation de deux cliniques. C'est ainsi que, par exemple, la parcelle d'une superficie de 1 081,61 m2, située à Haï-El-Moudjahidine, a été cédée à 74 256 DA par l'APC à l'agence foncière d'Oran. Cette dernière la vendra à 60 millions de centimes à un promoteur qui cédera le même terrain pour la somme de 270 millions de centimes. L'expert estime, pour sa part, que le prix de cession réel du marché est très loin des chiffres avancés par les parties concernées. Il évalue cette parcelle à plus de 10 millions de dinars car d'une superficie importante et située à l'intérieur du tissu urbain de la deuxième ville du pays. Il fera une autre démonstration semblable concernant cette fois un terrain d'une superficie globale de 2 055 m2. Cette parcelle qui appartenait aux P et T a été attribuée par arrêté de wilaya en date du 13 août 1995 à l'agence foncière pour un montant de 307 millions de centimes. Cette parcelle est acquise par deux investisseurs (Djoudi et Serradj) pour une somme de 360 millions de centimes. En date du 4 septembre 1995, un autre arrêté émanant cette fois de l'APC d'Oran autorise le morcellement de l'assiette en 3 lots. C'est ainsi que 1 221 m2 seront vendus à la Sarl Méditerranéenne pour un prix de 220 millions. Les deux parcelles restantes, mesurant respectivement 411 et 400 m2, seront partagées entre les deux investisseurs. L'expert estime cette fois aussi que le prix du marché à l'époque pour une telle parcelle de 1 221 m2 et toujours au centre-ville se situe plutôt aux environs de 513 millions. Quant au préjudice total, il l'évalue à quelque 2 milliards de centimes, montant que devra débourser l'institution des P et T pour pouvoir aspirer entrer en possession d'un terrain similaire. Les témoins qui sont passés avant l'expert n'ont rien apporté de nouveau car tous ont jugé légales les actions menées par la wilaya. Avant de regagner le box des accusés avant-hier, Bachir Frik a tenu à insister sur les réalisations réussies sous sa coupe. Il osera lancer : “J'ai attribué 15 000 logements, des milliers de lots de terrain aux citoyens qui ont en fait la demande. On me reproche quelques logements et quelques locaux que j'ai donnés, et ce, dans la limite du quota des 10% que m'autorise la loi.” Le réquisitoire du procureur général est très attendu, car il s'attellera à démontrer la culpabilité des accusés. Pour leur part, les avocats de la défense promettent des vérités et des révélations fracassantes. S. I.