N'ayant cessé de tirer la sonnette d'alarme sur la gravité de la situation sociale et politique du pays, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) désigne le pouvoir comme responsable de la situation ayant engendré les manifestations de ces derniers jours même s'il convient que l'inflation débridée y est pour quelque chose. “Face à une misère rampante, le pouvoir réagit par le mépris, la répression ou la corruption. Ce qui se passe dans la rue algérienne est la conséquence directe d'un autisme politique qui a faussé depuis toujours la volonté citoyenne par la fraude électorale, préalable au détournement de la richesse nationale au profit de castes d'autant plus voraces qu'elles se savent illégitimes. Phénomène aggravant, la fermeture de tout espace d'expression et d'organisation autonomes ne laisse que l'émeute et la rue comme moyen et place pour la contestation”, analyse le parti de Saïd Sadi dans un communiqué rendu public hier à l'issue de d'une session extraordinaire de son secrétariat national. Et de poursuivre : “Outre qu'il est le seul et l'unique responsable de l'incurie nationale, le pouvoir est mal venu pour se désoler ou s'indigner des actes de violence enregistrés ici et là. Quand un régime n'a que la censure, le mépris et la répression à opposer aux citoyens, il est dans l'ordre des choses que ceux-ci se défendent par les seuls recours qui leurs soient laissés : la protestation improvisée.” Pis, au lieu d'essayer de proposer des solutions à même de calmer l'exaspération populaire, le pouvoir se laisse aller à des manœuvres dilatoires, accuse le RCD. “Malgré ce désespoir et cette exaspération, les dirigeants s'occupent, une fois de plus, à manœuvrer pour assurer leur survie au lieu de se préoccuper d'une situation qui peut évoluer à tout instant vers un embrasement généralisé. Pas un message de compassion, pas une proposition sérieuse à même de rassurer le peuple, pas l'ombre d'une volonté prenant acte d'une gestion irresponsable et criminelle n'a été exprimée par les décideurs officiels”, déplore le RCD qui pointe du doigt des manœuvres récurrentes auxquelles s'adonnent “des acteurs menacés dans leurs intérêts et leur confort” dans le but de “faire avorter les réactions populaires en vue d'en limiter l'accumulation et une meilleure organisation”. Après avoir exprimé son soutien à “toutes les initiatives citoyennes exprimant une colère légitime”, le RCD estime que ces évènements peuvent aider à l'avènement de cette Algérie démocratique et sociale tant rêvée par les pères de la révolution algérienne. “En attendant que des institutions légitimes qui assurent stabilité et justice naissent, ce mouvement populaire peut créer les conditions propices à un climat politique aboutissant à une rénovation nationale dont nous devons limiter les coûts humains et matériels sans faire la moindre concession quant à son contenu et ses objectifs républicains et démocratiques”, analyse le RCD. Pour lui, le fer de lance de cette entreprise de rénovation nationale ne peut être que la jeunesse qui, en s'inspirant de ses aînés qui avaient eu raison de système colonial, peut bien relever un défi de la même nature, celui de “transformer un rejet (du système, ndlr) en projet”.