Le RCD (Rassemble-ment pour la culture et la démocratie) a dressé, lors de son conseil national tenu avant-hier à Alger, un tableau alarmant de la situation politique nationale. Deux mois après l'élection du 8 avril, le parti de Sadi remarque, dans un communiqué parvenu hier à notre rédaction, que «le score de 85 % délivrait un avertissement à toutes celles et ceux qui oeuvrent au changement démocratique dans le pays». Pour étayer ses dires, le conseil national du RCD relève que «la justice est affectée à une fonction de mise au pas de la société civile et de l'opposition démocratique». Exemples à l'appui, le RCD revient sur la condamnation de M. Hafnaoui Ghoul, correspondant de presse à Djelfa et militant des droits de l'homme. Dans le même volet, le RCD indique que les militants des droits de l'Homme sont sommés de renoncer à leur mission sous peine de représailles de la justice. Visant carrément le président de la République, le RCD déclare que les «enlèvements et tortures dans les Aurès et dans le sud du pays ne rencontrent que de vagues dénégations des institutions, pendant que le chef de l'Etat expose les vertus de sa gouvernance devant le G8». Poursuivant son diagnostic, le conseil national du RCD constate que l'opposition démocratique est, de nouveau, exclue des médias publics. D'un autre côté, la situation du mouvement syndical ne semble pas reluisante avec les pressions et menaces contre les syndicats autonomes de la santé et le Snapap. Qualifiant cet état de fait de «signes de raidissement anachronique», le RCD conclut que «ces procédés installent l'Algérie dans un décalage politique et historique». Faisant une lecture des récentes émeutes à travers plusieurs régions du pays, le RCD estime que «la continuité du régime, après le 8 avril, reconduit le mouvement de contestation généralisé qui amène le citoyen à une expression échappant à des cadres institutionnels sans légitimité ni représentativité». En revanche, et dans une tentative d'élargir les espaces d'expression, le RCD organise une rencontre nationale des étudiants durant le mois prochain afin de «donner l'occasion à la jeunesse algérienne de se remobiliser dans des cadres rationnels adaptés à ses revendications et à ses aspirations». Deux mois plus tard, l'université d'été prévue pour les 2 et 3 septembre, sera élargie aux forces politiques et sociales pour un débat autour de la protection et de la promotion des libertés publiques.