Le P-DG de la Spa Alexo, Mohamed-Arezki Aberkane, un des rares partenariats public-privé ayant abouti, nous a fait parvenir une contribution relative aux solutions possibles à mettre en œuvre pour aider les opérateurs économiques et, en particulier, ceux intervenant dans le domaine de la production industrielle ayant fait l'objet d'actes de destruction, d'incendie, de prédation et de dégradation de leur outil de production, leur usine et unité de production. “Suite aux évènements regrettables qu'a connus le pays au cours de la première semaine de cette nouvelle année, qui a vu des atteintes graves à l'ordre public, à l'intégrité des biens et des personnes, à la propriété publique et privée, je déplore du plus profond de moi-même cette gravissime situation et m'incline devant la mémoire de toutes les victimes innocentes de ce drame et souhaite par la même occasion un prompt rétablissement à tous les blessés que cette tragédie a occasionnés. En ma qualité d'entreprise citoyenne, employant un total de 225 personnes, je déplore le fait qu'aucun signal ou alarme pour prévenir une telle situation n'ait été suffisamment conçu et encore moins entendu pour prévenir des conjonctures aussi dramatiques et coûteuses à la société, à l'économie, à l'Etat, au pays et enfin à la nation. Aujourd'hui, je lance un appel solennel à l'adresse des autorités publiques et à toutes les forces vives du pays pour trouver des solutions aux conséquences désastreuses des actes de vandalisme et de destruction de l'outil de production des entreprises industrielles publiques et privées. En effet, dans la nuit du 7 au 8 janvier, notre unité de production à Amizour (Béjaïa), qui venait de parachever un investissement de 23 millions de dollars et d'amorcer sa montée en cadence pour répondre aux besoins du secteur du bâtiment, contribuer à l'offre de logement et, enfin, pallier les importations sauvages associées aux pratiques déloyales, a fait l'objet d'un violent raid de destruction massive de son unité de production de profilé aluminium, située dans la zone industrielle de la ville d'Amizour (Béjaïa). D'autres entreprises dans la wilaya de Béjaïa et sur le territoire national ont connu le même sort en voyant partir en fumée des années d'investissement, d'épar-gne et de travail avec pour conséquence des pertes d'emplois importantes qui viendront aggraver davantage la pression sociale déjà bien exacerbée par la spéculation, l'informel et les visions à très courte vue. Pour Alexo, les dégâts se présentent ainsi : - 225 emplois du groupe sur le carreau, 63 directs ; - destruction totale des blocs administratif et technique de l'unité ; - vol de tout le matériel bureautique, informatique et équipements sociaux ; - destruction totale du matériel roulant et de transport neuf composé de 2 semi-remor-ques, 4 camions de tonnage, un camion citerne anti-incendie, 2 véhicules utilitaires, 2 véhicules berlines et 2 chariots éléva-teurs/manutention ; - grave atteinte à la centrale électrique de 30 000 volts (2 000 KVA) ; - mise hors service du poste d'alimentation de gaz naturel ; - mise hors service du poste de commandement numérique de la presse d'extrusion et détérioration des équipements électroniques et des cellules de protection. Je souhaite faire preuve d'extrême prudence sur l'évaluation exacte des dégâts laissant le soin de ces tâches aux experts des assureurs et des tribunaux saisis à cet effet. Face à cette situation, tout le personnel du groupe et moi-même surmontons malgré tout cette dure épreuve et décidons de poursuivre, toujours debout, le combat de la construction de notre économie et, partant, de notre pays. Dans ce combat et dans cette détermination, nous demandons aux autorités publiques de ne pas nous abandonner à notre sort actuel et de prendre les mesures urgentes qui s'imposent en cette particulière circonstance. Et dans cette optique, je propose modestement quelques pistes de solutions. À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles : 1- suppression ou, à défaut, suspension immédiate des charges bancaires du 1er janvier au 31 août 2011 ; 2- suppression ou, à défaut, suspension immédiate des charges fiscales directes et indirectes (IBS, IRG, TAP) pour les périodes du 1er janvier au 31 août 2011 ; 3- suppression ou, à défaut, suspension immédiate des charges sociales (Cnas, VF, Casnos) pour la période du 1er janvier au 31 août 2011 ; 4- suppression de la TVA et des droits de douanes (en cas d'importation) pour tous les équipements et machines de production, matériel roulant, matériel de manutention, équipement et outillage de maintenance et équipement de bureau destinés au remplacement des outils de travail et de production dont la destruction a été dûment constatée par les experts, les tribunaux et les autorités publiques compétentes ; 5- sur la base des constats issus du point précédent, une dérogation exceptionnelle à la lettre de crédit (moyen de paiement international) pour permettre aux opérateurs touchés par ces drames de procéder, par le biais de la remise documentaire et de transfert libre, à une ultra-rapide reconstitution de leurs moyens de production, de leurs stocks de pièces de rechange et de matière première en vue d'une reprise dans les meilleurs délais de leur activité de production et la réintégration du personnel désormais déjà en détresse sociale. S'agissant pour notre part d'activités industrielles s'inscrivant par nature et par définition dans la durée, nos fournisseurs, conscients des enjeux commerciaux que le marché algérien présente, sont entièrement disposés à nous fournir toute l'aide et la compréhension nécessaire pour dépasser cette situation, et ce, en raison de la qualité et de la récurrence de nos relations basées sur une confiance et une coopération réciproques. J'apporte la précision sur le fait que l'agence bancaire au sein de laquelle nous détenons une domiciliation a été complètement ravagée. Et de ce fait, nous nous retrouvons complètement anéantis du point de vue de moyens de paiement ou de toutes autres transactions financières. Toutes ces mesures, si elles sont prises par les autorités publiques, nous permettraient de reprendre nos activités dans un minimum de conditions favorables, de contribuer à la réduction du sous-emploi et du chômage, de la pression sociale, d'augmenter l'offre nationale de biens et services et, enfin de participer pleinement à l'objectif retenu par le plan 2010/2014, de doubler la part de la production industrielle dans la valeur ajoutée nationale, soit le PIB 2014. J'ose espérer que les pouvoirs publics soient, cette fois, à notre écoute en qualité d'industriels ayant fait le choix d'investir en Algérie, créer de l'emploi, des revenus, des impôts et enfin contribuer à la croissance et l'aménagement du territoire. Il s'agit là, pour nous Alexo, et biens d'autres opérateurs que je soutiens, de faire notre devoir mais uniquement le nôtre dans l'espoir que tous les corps constitués exercent et assument pleinement le leur dans l'intérêt supérieur de notre pays.