Les conséquences de la guerre contre l'Irak, menée conjointement par les Américains et les Britanniques, continuent à faire l'actualité et défrayer la chronique particulièrement au Royaume-Uni. L'enquête menée par la justice pour déterminer les causes du suicide du scientifique londonien David Kelly après qu'il eût été livré en pâture à la presse commence à mettre le gouvernement de Tony Blair dans la gêne. Après l'audition par un magistrat du « prime minister », c'est au tour de Geoff Hoon d'être rappelé à nouveau. Cette fois-ci, il a fini par avouer son implication dans la décision de donner le nom de Kelly aux journalistes. Cet aveu vient conforter la thèse selon laquelle le cabinet de Blair a « gonflé » le dossier des armes de destruction massive qu'aurait détenu le régime de Saddam Hussein, dans le but de justifier l'intervention militaire contre l'Irak. Le scientifique David Kelly, qui a dénoncé cette pratique, s'est, rappelons le, donné la mort dans des circonstances par encore totalement élucidées jusqu'à maintenant, une semaine après que des journaux britanniques eurent fait planer des doutes sur son rôle dans la gestion du dossier irakien. Considérablement perturbé par cette affaire, le gouvernement de Tony Blair, qui a fait face à une dizaine de démissions dans ses rangs, la dernière en date est celle du responsable de la communication ou le « faiseur d'opinion» comme le surnomment les Anglais, depuis le début de la crise irakienne, serait sur le point de perdre un membre fort influent en la personne de Geoff Hoon. Les observateurs des bords de la Tamise ne donnent pas cher de l'avenir politique du ministre britannique de la Défense après sa prestation lundi devant la justice. Il s'est sérieusement discrédité aux yeux de l'opinion publique en reconnaissant sa responsabilité et celle de tout le cabinet de Blair dans la divulgation de l'identité de l'expert en armement, alors qu'il avait réussi à contourner ce sujet lors de sa première audition par le juge Hutton au cours de sa précédente comparution le 29 août dernier. Devant ces développements inattendus, les spécialistes britanniques estiment que Geoff Hoon ne fera certainement pas de vieux os au sein du gouvernement. Même les sondages versent dans ce sens. En effet, trois Britanniques sur cinq pensent que le ministre de la Défense devrait remettre le tablier, contre un sur cinq pour le Premier ministre. C'est dire l'importance de l'impact qu'a eue cette affaire sur l'opinion publique, qui se considère trompée par la stratégie adoptée par Tony Blair et son équipe gouvernementale dans la gestion du dossier irakien. Les conclusions de l'enquête judiciaire auront inéluctablement des conséquences désastreuses sur le gouvernement Blair, dont la mission a été rendue plus âpre par les développements sur la scène irakienne après la fin officielle de la guerre décrétée par George Bush. L'insécurité qui règne en Irak n'arrange guère les choses pour le locataire de Downing Street. K. A.