Les premières auditions de l'enquête sur le suicide apparent du scientifique britannique, David Kelly, ont débuté hier matin à Londres devant le juge Brian Hutton qui doit entendre dans la journée cinq témoins, dont un confrère du scientifique et des responsables du gouvernement britannique. Cette enquête, qui pourrait durer deux mois, a démarré lundi avec le témoignage de Terence Taylor, ex-haut responsable du ministère britannique de la Défense (MoD) et ancien collègue de David Kelly, qui s'exprimait par liaison vidéo depuis l'Australie. M. Taylor a précisé que l'expert en armement, David Kelly, était très respecté aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, car il avait notamment aidé à découvrir le programme d'armes biologiques de Saddam Hussein lorsqu'il travaillait comme inspecteur en armement de l'Onu en Irak dans les années 90. "Son travail en Irak avait été un succès remarquable. Il avait mené à bien le travail d'inspection durant une période très difficile", a commenté M. Taylor qui préside aujourd'hui l'Institut international d'études stratégiques aux Etats-Unis. David Kelly a été associé depuis 1991 "plus ou moins à plein temps" aux questions entourant les programmes d'armement de l'Irak, a précisé son ancien collègue. Ces dernières années, le scientifique décédé le 17 juillet, avait en outre participé en Russie à une mission américano-britannique visant à évaluer le programme d'armes biologiques de l'ex-Union soviétique. "Il était capable d'absorber de très vastes quantités d'informations, les traiter et les analyser d'une manière très impressionnante", a commenté M. Taylor à propos de son ami David Kelly qui a, apparemment, mis fin à ses jours en se taillant les veines du poignet gauche. Lors d'une présentation du déroulement de l'enquête, le 1er août, le juge Brian Hutton avait précisé que quatre électrodes du type de ceux utilisés dans les hôpitaux pour les électrocardiogrammes avaient été retrouvés sur le corps de David Kelly. Il a expliqué lundi que ces mystérieuses électrodes avaient en fait été laissées par des ambulanciers dépêchés sur place à la suite de la découverte de son corps le 18 juillet. Parmi les autres témoins du jour figurent Patrick Lamb, haut-responsable en charge de la non-prolifération au ministère des Affaires étrangères, Julian Miller, haut-responsable au sein du Cabinet (gouvernement restreint), et Richard Hatfield, directeur du personnel du ministère de la Défense. Le scientifique, décédé à 59 ans, s'était retrouvé, après que son identité fut révélée, au centre d'une vive polémique entre le gouvernement et la BBC, dont un journaliste a accusé Downing Street d'avoir exagéré la menace des armes de destruction massive de Saddam Hussein avant la guerre contre l'Irak. David Kelly s'était révélé être la source principale du journaliste de la BBC.