Résumé : La Casbah retrouvait sa sérénité d'antan. Elle avait longtemps été le refuge des combattants, et leur lieu de rendez-vous. Chez Fettouma, on ne parlait que de ça. Les enfants voulaient en connaître davantage sur les ancêtres, en particulier Nacer qui était avide d'histoire. 62eme partie Le jeune garçon était passionné d'histoire et avide d'en apprendre davantage sur son pays et ses aïeux. Fettouma ne connaissait pas grand-chose de l'histoire de son pays. Elle avait, certes, fréquenté l'école durant les premières années de son enfance, mais à peine avait-elle commencé à comprendre le sens des mots et des verbes qu'on l'avait retirée. Elle parlait un français approximatif et savait tout juste signer et déchiffrer quelques mots sur un courrier. Les questions de ses enfants la laissaient parfois perplexe. À son époque, même les garçons ne fréquentaient l'école que jusqu'à l'âge de 14 ans. Au-delà de cet âge, les plus chanceux apprenaient un métier, mais les autres étaient contraints de gagner leur pain et de baisser l'échine sous l'autorité coloniale. Ils travaillaient dur et étaient traités comme des moins que rien. Plus d'un avait préféré émigrer sous d'autres cieux. L'Europe à cette époque avait besoin de bras jeunes et solides pour creuser ses mines et labourer ses champs. Des usines venaient de voir le jour et on avait besoin d'une main-d'œuvre à bas prix. C'était une aubaine pour ceux qui pensaient qu'ils allaient mener une vie meilleure ailleurs. Bien sûr, c'était un mirage, qui ne dura que le temps d'un voyage dont le billet était toute une vie. Après l'indépendance, les quelques émigrés qui rejoignirent le pays n'avaient plus que la peau sur les os, et heureux encore, s'ils n'avaient pas hérité d'une maladie chronique contractée sous un rude climat ou l'atmosphère polluée d'une usine. Rachid rencontrait tous les jours ces hommes vieillis avant l'âge, qui remontaient les ruelles de son quartier, une simple valise en carton à la main. Il en parla un jour à son grand-père Tayeb. Et ce dernier lui avoua qu'un à un certain moment de sa jeunesse, il avait rêvé lui aussi de partir s'installer ailleurs, mais que son père l'en avait dissuadé. “Sinon je n'aurais pas fondé de famille, et je ne vous aurais pas eu mes petits”, ne cessait-il de lui répéter en lui caressant les cheveux. L'hiverfaisait son entrée par un froid glacial et humide. Si Tayeb avait une mauvaise toux. Depuis plusieurs jours déjà, la fièvre ne le quittait pas. Fettouma lui préparait des boissons chaudes et le couvrait d'épaisses couvertures. Si Ahmed avait fait deux fois appel au médecin. Mais malgré tous les médicaments et les injections qu'on lui administrait, Si Tayeb s'affaiblissait de jour en jour. Si Ahmed ne le quittait plus. Rachid qui s'inquiétait aussi pour son grand-père, passait de longues heures à son chevet dès son retour de l'école. (à suivre) Y. H.