Le Premier ministre libanais désigné Najib Mikati, qui est soutenu par le Hezbollah, doit s'atteler à la délicate tâche de former un nouveau gouvernement, au lendemain de manifestations émaillées de violences contestant sa nomination. Hier, le calme était revenu à Beyrouth et Tripoli (nord), ainsi que dans les autres villes où des milliers de partisans du Premier ministre en exercice Saâd Hariri avaient manifesté leur colère après la désignation de M. Mikati. Celle-ci a été rendue possible grâce à l'appui des députés du camp du Hezbollah et à la “défection” d'anciens alliés de M. Hariri. L'armée était encore présente à travers tout le pays et des patrouilles antiémeutes circulaient dans les rues. En raison des tensions, l'Arabie Saoudite a invité ses ressortissants à ne pas se rendre au Liban. Pour autant, les commerces ont rouvert, même si plusieurs écoles internationales dans la capitale et à Tripoli sont restées fermées par crainte de nouvelles manifestations. À Tripoli, des banderoles affirmant “Mikati, nommé par (Ali, ndlr) Khamenei”, le guide suprême iranien, restaient suspendues dans les rues, Téhéran étant le principal parrain du Hezbollah. Des chars étaient déployés devant la maison et les bureaux de M. Mikati, dont des photos ont été brûlées mardi. Le camp de M. Hariri a accusé le Hezbollah d'avoir mené un “coup d'Etat”, le Premier ministre en exercice étant considéré comme le leader le plus populaire de la communauté sunnite, d'où doit être issu le chef du gouvernement. La nomination de M. Mikati est intervenue après la chute du gouvernement Hariri, provoquée par la démission le 12 janvier des ministres du camp du Hezbollah hostile à l'enquête du Tribunal spécial pour le Liban (TSL). Ce tribunal est chargé de juger les responsables de l'assassinat de l'ex-Premier ministre et père de Saâd, Rafic Hariri. Le Hezbollah, qui accuse le TSL d'être instrumentalisé par Israël et les Etats-Unis, s'attend à être mis en cause par le tribunal et avait sans succès tenté d'obtenir que Saâd Hariri le désavoue. Avec le Hezbollah aujourd'hui en position de force, des observateurs craignent que M. Mikati n'accepte de cesser toute coopération avec le TSL.