En dépit d'une production acceptable, l'Algérie continue à importer du blé. Le gouvernement semble décidé, plus que jamais, à introduire un maximum de quantités de céréales afin de faire face à toute éventuelle pénurie des produits de large consommation. En toile de fond, l'Exécutif, à travers une telle décision, veut surtout apaiser la colère des citoyens qui risque de ressurgir à tout moment. Certains organes de presse parlent de millions de tonnes de blé qui sont introduites sur le marché national. Une chose est certaine, l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) a acheté récemment au moins 200 000 tonnes de blé dur, payés à 400 dollars la tonne. D'autres importations seront également effectuées au mois de mars prochain, si l'on se fie à certaines prévisions. Cet achat intervient, faut-il le préciser, deux mois après la mise en place en octobre dernier par les pouvoirs publics d'une taxe rétroactive et dissuasive empêchant les importateurs privés algériens d'avoir recours aux blés étrangers et favoriser ainsi l'écoulement des stocks accumulés en 2009. La nouvelle donne qu'impose l'effervescence du climat social du pays, marquée par des manifestations voire une révolte contre la cherté de la vie, a poussé le Premier ministère à ordonner des importations massives de blé. Le ministre de l'Agriculture, Rachid Benaïssa, confirme que l'Etat a recouru de nouveau au marché international afin de consolider les quantités stockées, issues de la production. Celle-ci a atteint une moyenne nationale de 17 % en 2010. L'érosion du pouvoir d'achat des consommateurs, conjuguée à une forte spéculation qui a eu pour conséquences une hausse des prix et une rareté de plusieurs produits très prisés, sont autant de paramètres ayant contraint le gouvernement à remettre en cause sa propre mesure interdisant l'importation de blé. Devant une telle situation, le département de M. Benaïssa, a anticipé sur ce phénomène en renforçant sa politique de régulation fondée sur un système dénommé Syrpalac (système de régulation des produits de large consommation). Si le ministère de l'Agriculture fournit des efforts pour assurer une offre suffisante en produits agricoles, les prix pratiqués sur les marchés de gros et de détail dissuadent cependant les petites bourses. Le produit agricole fait face, en effet, à une forte spéculation, engendrée par les nombreux opérateurs qui interviennent dans la chaîne, à partir des sites de production jusqu'au marché de détail. Pour le ministre de l'Agriculture, la régulation est l'affaire de tous. “C'est un faisceau de mesures qui doivent influer sur le comportement de tous les acteurs”, a-t-il souligné hier au forum d'El Moudjahid. Il existe, selon lui, beaucoup d'intervenants dont il faut concilier les intérêts. Le système de régulation, en revanche, ne doit pas constituer, a-t-il précisé, un frein à la dynamique du développement durable. Il doit au contraire créer les conditions à même de protéger à la fois le consommateur et le producteur. La régulation et la lutte contre la spéculation sont le combat de l'heure sur lequel les pouvoirs publics doivent se pencher sérieusement. Pour cela, a-t-il affirmé, tous les ingrédients sont réunis. Le ministre a cité notamment l'argent qui a été débloqué et la formation qui a concerné quelque 50 000 personnes. Mais l'on ne s'aventure pas, semble vouloir dire M. Benaïssa, avec l'argent de l'Etat. Autrement dit, avant d'octroyer les financements nécessaires, il faut que les services compétents de la tutelle aient une vision claire des projets proposés et sur les prévisions arrêtées par les opérateurs.