Sans se prononcer pour ou contre l'état d'urgence, le PT est “pour la levée de toutes les restrictions”, et Mme Hanoune estime que le moment est venu pour “se réapproprier les espaces publics”. Révolution en Tunisie, soulèvement populaire en Egypte, marche du 12 février prochain à Alger et situation de l'état d'urgence en Algérie : tels sont les principaux points débattus, hier, par la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, lors de sa rencontre hebdomadaire avec la presse nationale, au siège du parti (Alger). D'emblée, le leader du PT a déclaré que ceux qui expriment leur mécontentement “protestent contre les institutions internationales, contre le FMI, l'OMC et les gouvernements qui sont à leur solde”. Mme Hanoune a, cependant, nuancé en abordant le cas de la Tunisie, de l'Egypte et même de la Jordanie, estimant que ces pays sont “massacrés par le capital international”. Elle a également différencié le cas tunisien de celui des deux autres pays arabes, indiquant que ces derniers “ont un rôle dans l'ordre impérialiste”. Selon la responsable du PT, la révolution en Tunisie a “un contenu socialiste” et pose les problèmes de l'expropriation, de la nationalisation, des droits sociaux et de la dignité humaine. “C'est une révolution au compte de tous les peuples”, a-t-elle appuyé. Sans omettre de remarquer que “l'administration US, ses alliés et l'entité sioniste veulent transformer cette révolution en une révolution orange à la géorgienne”. Concernant l'Egypte, l'intervenante a estimé qu'outre “la situation atroce” sur le plan socioéconomique et les atteintes aux libertés, la politique étrangère de ce pays “a humilié le peuple égyptien”. Pour Mme Hanoune, il existe des similitudes et des différences entre l'Algérie et les autres pays maghrébins et arabes. Dans ce cadre, elle a admis l'existence à la fois d'insuffisances et d'efforts fournis, notamment par une des fractions du régime qui, selon elle, “résiste pour la souveraineté nationale”. Plus loin, la SG du PT a révélé qu'il est normal, dans “une situation où la paix revient”, que la colère populaire et la soif d'une ouverture politique s'expriment. Mais, elle s'empressera d'alerter sur les desseins des institutions financières internationales et de certains gouvernements occidentaux, en observant que “les mêmes qui veulent venir en aide aux régimes de Ben Ali et de Moubarak sont prêts à s'ingérer dans les affaires de l'Algérie”. Enfin, elle soulignera que ceux, qui en Algérie, veulent comparer notre pays à la Tunisie ou aux autres pays arabes, qu'ils le fassent “en toute sérénité”. Au cours du débat, Mme Hanoune, sans se prononcer pour ou contre l'état d'urgence, a annoncé que le PT est “pour la levée de toutes les restrictions”. D'après elle, le moment est venu pour “se réapproprier les espaces publics”, surtout que la lutte antiterroriste “n'est pas incompatible avec les luttes démocratiques pacifiques”. À la question de savoir si le PT rejoindra la marche de la Coordination nationale “pour le changement démocratique”, le 12 février prochain, à Alger, la réponse a été négative. Parce que le PT n'a pas été “invité” aux réunions de ladite coordination, qu'il croit à “l'unité d'action” qui passe par “la concertation et le respect mutuel” et que sa préoccupation première est “la souveraineté nationale”. “Nous sommes prêts à discuter avec tous les partis, même avec Hamas (MSP, ndlr). Mais, si nous décidons de marcher, nous préciserons nos objectifs”, a commenté la responsable. Hier, jouant la carte de “la clarification”, la responsable du Parti des travailleurs a interpellé les dirigeants, particulièrement le chef de l'Etat, les invitant à engager “une réforme politique institutionnelle démocratique pour démocratiser le régime”. Dans l'immédiat, le PT a demandé “l'ouverture de la télévision aux débats et le respect des libertés”, “des décisions transitoires pour créer une dynamique”, ainsi que “des mesures de régulation du commerce”. Il est également demandé la mise en place d'une “politique de communication pour fermer la porte devant les aventuriers”.