1re partie Zakia pose le stylo et avec un soupir las, elle range les copies des devoirs qu'elle a corrigés durant la soirée, tout en écoutant un peu de musique. C'est la période des examens pour les lycéens. Elle a été clouée au lit, toute une semaine. Elle se retrouve un peu bousculée dans son programme. Habituellement, elle est bien organisée si bien qu'elle a toujours été en avance, sur le programme scolaire, par rapport aux autres enseignants. S'il n'y avait pas eu la mort du mari de son amie Souad, elle ne serait pas tombée malade. Yazid avait trouvé la mort dans une embuscade du côté de Boghni, juste à quelques kilomètres de chez lui. Zakia avait assisté à la veillée mortuaire où elle avait tenté de réconforter son amie. Si elle avait su qu'un enfant agité tirerait sur le drap, elle n'aurait jamais regardé. Yazid était méconnaissable. Son visage était une plaie ouverte. Il avait reçu un coup de fusil. C'était horrible à voir. Son image ne l'avait pas quittée depuis, au point de faire des cauchemars chaque nuit. Elle en est tombée malade. Pendant des jours, elle n'a pas quitté le lit. Sans l'aide de sa mère venue s'occuper de ses enfants Amar et Tewfik. Son mari Salem, un militaire engagé, n'était pas venu depuis des semaines. Elle le sait en mission mais ignore combien de temps elle durera. Depuis la mort de Yazid, elle craint que le malheur ne s'abatte sur sa famille. Ils sont si nombreux, à tomber, dans les pièges des terroristes. La jeune femme s'efforce de ne plus y penser. Elle se lève et se dirige vers les rideaux qu'elle ouvre, voulant vérifier si tout était bien fermé. Une fois rassurée, elle range les copies dans une chemise qu'elle glisse dans son vieux cartable. En se tournant, son regard s'arrête sur la pendule. Il est plus de minuit. Elle juge plus sage de laisser le rangement du salon, au lendemain. Elle se sent à bout, vidée. Elle ferait mieux d'aller se coucher. Avant, elle règle son réveil. À six heures pile. Elle aurait ainsi le temps de préparer le petit-déjeuner, de préparer les enfants pour l'école et même de les y accompagner. Il était temps qu'elle se mette au lit. Elle avait besoin de repos. Elle a soudain très froid. Elle ressert le cordon de sa robe de chambre tout en se dirigeant vers la chambre de ses enfants. Ces derniers dorment profondément. Elle les embrasse sur le front. Ils sont ce qu'elle a de plus cher au monde. Si son mari avait eu la chance de travailler dans la région, elle aurait été une femme comblée. Ils ont deux enfants adorables. Ils sont estimés et respectés des gens du village. Elle avait tout le confort matériel. Elle échangerait tout contre la mutation de son mari dans la région. Il lui manquait. Depuis deux ans, il ne venait que tous les deux mois. Depuis la mort tragique de Yazid, elle craignait pour la vie de son mari. La situation sécuritaire de certaines régions du pays ne la rassurait pas. Temps que Salem ne sera pas avec eux, elle ne sera jamais tranquille. Toutes ses pensées l'empêchent de dormir. C'est ainsi depuis des semaines. Elle a beau être fatiguée, elle ne parvient pas à trouver le sommeil. Elle voudrait se vider l'esprit de ses souvenirs lointains et récents. Tout cela à cause de la solitude… (À suivre) A. K.