Partira, partira pas du Premier ministère ? C'est la question sur laquelle était attendu, hier, Ahmed Ouyahia, le Premier ministre, à l'occasion de la clôture de la session d' automne du Parlement. à 10h30, à l'issue de la levée de séance de clôture au Conseil de la nation, les journalistes se sont rassemblés en grand nombre devant la porte de sortie guettant le Premier ministre. “Veuillez reculer s'il vous plaît pour permettre au Premier ministre de sortir”, priera un agent sur place s'adressant aux journalistes. Mais rien à faire, les représentants des médias étaient décidés à poser des questions au Premier ministre sur une actualité nationale brûlante (les émeutes, les rumeurs sur le changement de gouvernement, la marche du 12 février), quelles qu'en soient les difficultés. Seulement, Ouyahia tarde à sortir. Des journalistes, pensant qu'il emprunterait une autre issue, ont commencé à se détourner de la porte de sortie principale. Mais la plupart des représentants de la presse nationale plus tenaces sont restés sur place. Leur attente n'a finalement pas été vaine puisque Ouyahia a emprunté la porte principale pour sortir. Seulement voilà, le Premier ministre donne d'entrée le ton aux journalistes. “Pas de déclarations”, a-t-il dit tout sourire, s'étonnant à l'occasion de l'insistance et de l'opiniâtreté des journalistes. Malgré une cohue indescriptible et les sollicitations incessantes de la presse, le Premier ministre a réussi à se frayer un chemin pour quitter l'hémicycle du Conseil de la nation. Rien à faire, en dépit de son motus et bouche cousue, les journalistes le suivent au moment de prendre l'escalier. En compagnie du président du Sénat au hall du Conseil de la nation où une collation marquant la clôture de la session a été organisée, Ouyahia était tout sourire et semblait très décontracté. Approché par un journaliste pour une question, Ouyahia s'adressera à lui en lui disant : “Tu as eu une déclaration ?”, sous-entendant la déclaration faite par le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, à propos de l'Egypte et de la Tunisie. Profitant de cette situation, un journaliste s'est jeté à l'eau : “Que pensez-vous Monsieur le Premier ministre des rumeurs vous donnant partant du Premier ministère et d'un changement imminent du gouvernement ?” Et à Ouyahia de répondre d'une manière laconique : “Il faut faire la différence entre les lentilles et les haricots secs.” Cette phrase a laissé pantois les journalistes qui l'ont écoutée et relayée par la suite en ce sens qu'elle “ne veut pratiquement rien dire et ne renseigne pas sur les intentions du pouvoir quant à l'avenir du pays”. Même silence à la séance de clôture de l'Assemblée.