Un hôtel abritant des responsables américains a été la cible d'une attaque au RPG, hier matin, au lendemain de la mort de plusieurs civils irakiens tués par les troupes d'occupation. Le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, a jugé “bon” un délai de six mois pour l'adoption par les Irakiens d'une nouvelle Constitution, dans une tentative de relancer les discussions sur un nouveau projet de résolution pour l'Irak. L'administrateur civil américain en Irak, Paul Bremer, a annoncé pour sa part la détention par les forces de la coalition en Irak de 19 membres du réseau terroriste Al-Qaïda, mais n'a pas divulgué leur nationalité. La violence a redoublé d'intensité sur le terrain. Une roquette RPG a été tirée contre l'hôtel Rachid de Bagdad, causant des dégâts mineurs mais sans faire de victime, a annoncé l'armée américaine. Vendredi soir, quatre civils irakiens, dont deux femmes, ont été tués et huit autres blessés par des soldats qui ont ouvert le feu sur des voitures à l'entrée de Falloujah, à 50 km à l'ouest de Bagdad, selon des sources médicales irakiennes. Mais l'armée américaine n'a pas confirmé que la mort de deux Irakiens par les tirs américains. “Un véhicule irakien ne s'est pas arrêté à un barrage américain à Falloujah. Des soldats de la 82e division aéroportée ont tiré dans sa direction, tuant deux passagers et en blessant quatre”, a affirmé le sergent Marc Ingham dans un communiqué. Un Irakien a été en outre tué par des tirs provenant d'une position militaire américaine qui venait d'être attaquée au mortier à Mansouriya, au nord-est de Bagdad, selon sa famille. Jeudi déjà, huit civils irakiens avaient été tués et 18 blessés par la chute d'un obus de mortier dans un quartier populaire de Baaqouba (60 km au nord-est de Bagdad). En raison de cette ins curité grandissante, un tiers des 86 membres du personnel étranger de l'Onu travaillant en Irak doivent quitter ce pays, en application d'une décision du secrétaire général Kofi Annan. Le siège de l'Onu à Bagdad a été la cible de deux attentats-suicide sanglants en un mois. La mission de l'Onu en Irak va ainsi se compliquer et reposer un peu plus sur le personnel irakien de l'organisation, ont indiqué à Genève les représentants des principales agences. Un peu plus de 4 000 Irakiens travaillent pour l'Onu. À New York, le syndicat du personnel de l'Onu a demandé de “nouvelles mesures” pour protéger les membres de l'organisation à Bagdad et jugé “important et essentiel que les Nations unies soit perçues comme impartiales”. Face aux demandes, en particulier de la France, d'un calendrier rapide et précis de retour à une souveraineté irakienne en Irak, M. Powell a déclaré que “six mois semblaient un bon délai pour avoir une Constitution et donner une impulsion et un objectif aux efforts conduisant à la restauration d'une pleine souveraineté du peuple en Irak”. Mais il a ajouté que ce délai ne devait pas être interprété comme une “date -butoir” et affirmé que les Etats-Unis n'entendaient pas transférer le pouvoir en Irak avant la mise en place de nouvelles institutions élues, dans le courant de l'année 2004. R. I.