Pendant que les sénateurs français débattent du dernier projet de loi sur l'immigration, un appel pour une mobilisation contre le racisme et la politique d'immigration vient d'être lancé lundi, à Paris, avec comme point d'orgue des manifestations le 28 mai, 4e anniversaire de la création de l'ex-ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale. “Pour que cesse cette situation qui porte atteinte aux droits fondamentaux, menace gravement le droit d'asile et ruine l'existence des personnes étrangères visées, nous appelons à une mobilisation nationale et unitaire le 28 mai, à la date anniversaire de la création du ministère de l'Immigration qui perdure sous une autre forme”, selon le texte de l'appel. Celui-ci a été signé par des dizaines de personnalités, d'élus, de syndicats d'organisations et par des partis comme de gauche, mais pas le Parti socialiste et le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon qui n'ont pas fait connaître leur réponse. “De grâce, mettez au service de cette mobilisation vos organisations, vos réseaux, vos dirigeants, vos militants”, a exhorté l'historien Olivier le Cour Grandmaison qui a aussi regretté l'absence de la Ligue des droits de l'Homme (LDH). “J'avoue ma perplexité, je ne vois pas où est le blocage”, a-t-il observé. Les signataires demandent la suppression du ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale qui, selon eux, “perdure sous une autre forme”. Voulu par Nicolas Sarkozy et marqueur de sa politique, ce ministère a disparu dans le dernier remaniement du gouvernement et ses attributions récupérées par le ministère de l'Intérieur. À sa création en 2007, le ministère avait hérité de missions dévolues auparavant à l'Intérieur, au Quai d'Orsay et aux Affaires sociales. En le rattachant à l'Intérieur, “on développe l'idée que l'immigration est une affaire de police, d'ordre public”, que “c'est une menace pour les finances, pour l'identité et pour la sécurité” des Français, a déploré Olivier Le Cour Grandmaison. Alors que le Sénat examine le projet de loi sur l'immigration présenté par Brice Hortefeux, le collectif juge que la politique du gouvernement en matière d'immigration “est inacceptable car elle viole les principes humanitaires élémentaires et des dispositions internationales ratifiées par la France”. Cette loi dont les principales dispositions concernent la sanction des “mariages gris”, “l'abus de court séjour”, “l'interdiction de retour” des étrangers expulsés, la création de “zones d'attente spéciales” a été jugée “dangereuse” par la sénatrice Alima Boumediene. Olivier le Cour Grandmaison a parlé de “xénophobie d'Etat”. Ce chercheur a même même démenti la “tradition d'accueil” dont se vante la France. “La politique d'accueil est un mythe absolu”, a-t-il dit, rappelant que les immigrés étaient discriminés et parqués dans les bidonvilles. En attendant le 28 mai, il appelle à la constitution de collectifs locaux dans toute la France et à une nouvelle réunion publique le le 26 février à Paris.