L'infrastructure consolidera la position de l'Algérie comme l'un des principaux fournisseurs de l'Europe. Elle contribuera à contenir ses concurrents très agressifs sur le marché européen à l'instar du Qatar. Tout est prêt, côté algérien, pour commencer les premières exportations de gaz vers l'Espagne via Medgaz, ce gazoduc reliant directement l'Algérie à l'Espagne d'une capacité de 8 milliards de mètres cubes annuellement. C'est ce qui ressort de la visite du terminal d'arrivée du pipe onshore et de la station de compression, situés à Beni-Saf, organisée mardi dernier par Sonatrach à l'intention de la presse. “La mise en service du gazoduc Medgaz est imminente”, a indiqué Miloud Bedad, responsable de la station de compression de Medgaz, le consortium chargé de son exploitation. Elle est prévue en principe au courant de ce mois. Ce gazoduc constitue un atout important de l'Algérie dans sa quête de consolidation de ses parts de marché en Europe. L'ouvrage représente une pièce maîtresse, autrement dit, entre les mains de l'Algérie à l'éclatement de la bulle gazière prévue en 2015, c'est-à-dire à la hausse de la demande en gaz particulièrement en Europe. Il contribue à contenir la menace que représente le Qatar sur le marché européen avec ses énormes capacités d'exportation de GNL. D'autant qu'il a été dimensionné pour une capacité de transport de 16 milliards de mètres cubes annuellement vers l'Espagne, voire l'Europe à moyen terme. Une deuxième ligne de transport est prévue ainsi que de nouvelles stations de compression pour augmenter ses capacités. Outre les trains géants de GNL de Skikda et d'Arzew, la réception de Medgaz, prévue en 2013-2014, et ses possibilités d'extension donnent à Sonatrach plus de flexibilité pour reconquérir ses parts de marché en Europe d'autant que certains de ses contrats long terme arriveront à expiration au cours de la période. En attendant la décision de lancement des travaux du gazoduc Galsi, reliant directement l'Algérie à l'Italie. Medgaz permet également des opérations éventuellement de swap avec notamment le géant Gazprom. Des quantités de gaz qui peuvent être détournées de leur destination pour être placées dans des marchés plus rémunérateurs. En vue de mieux valoriser le gaz algérien. Aujourd'hui en contexte de baisse de la demande sur le vieux continent une incertitude pèse sur l'optimisation de Medgaz : sera-t-il bien rempli à son démarrage ? Aucune réponse côté algérien pour l'instant. Ce qui est sûr, c'est que la partie algérienne a achevé les travaux. Le gazoduc onshore, d'une longueur de 638 kilomètres, reliant Hassi R'mel à Beni-Saf, est prêt. D'une capacité de transport de 11 milliards de mètres cubes annuellement. Il alimente principalement le Medgaz, le tronçon sous-marin long de 240 kilomètres entre Beni Saf et Almeria, en Espagne. Il dessert également les centrales électriques de Hadjeret Ennouss et de Terga, en territoire algérien, d'une capacité chacune de 1 200 MW et la zone industrielle d'Arzew. Sonelgaz approvisionne entre autres, à partir de ce pipe, les nouveaux réseaux de gaz dans la région. “D'un coût de 28 milliards de DA en monnaie locale et 148 millions d'euros en devises cette partie onshore côté algérien n'attend que les premiers enlèvements par les acheteurs : les compagnies Sonatrach, Cepsa Iberdrola Endesa et Gaz de France, a indiqué Tayeb Chérif, le directeur régional RTO de TRC. Àquel rythme ? Tout dépendra de la demande en Espagne. Sonatrach a également achevé le terminal d'arrivée, situé à Beni Saf, du gaz provenant de Hassi R'mel, a ajouté le directeur régional. Ici, on attend la mise en service officielle du gazoduc et surtout le feu vert de la société Medgaz pour commencer les premières exportations de gaz algérien vers l'Espagne. Selon les responsables sur place, le terminal d'arrivée d'Almeria est également prêt. À noter que Medgaz, partie sous-marine, et le terminal d'arrivée d'Almeria auront coûté 1 milliard d'euros, a indiqué M. Bedad. Avec la mise en service de Medgaz dans les prochains jours sera sans doute dévoilé la partie commerciale. On saura le rythme des enlèvements des partenaires de Sonatrach. Ce qui donnera la mesure de la demande en gaz de l'Espagne, voire de l'Europe. Au-delà, c'est encore l'incertitude tant que la bulle gazière n'aura pas en principe éclaté. À noter que la société Medgaz compte comme actionnaires Sonatrach, majoritaire avec 36%, les espagnoles Cepsa Iberdrola Endesa et Gaz de France. Ces derniers ont signé des contrats d'achat de gaz avec Sonatrach pour un volume total de 5 milliards de mètres cubes annuellement. Sonatrach, au titre de sa quote-part, devra commercialiser 3 milliards de mètres cubes annuellement sur le marché espagnol via Medgaz à travers sa société implantée dans ce pays. On estime à 2 milliards de dollars annuellement les revenus en devises tirés par l'Algérie de Medgaz dans une première phase.