Le dernier dirigeant soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, a vertement critiqué, hier, une Russie aux élites “dépravées” où la vie politique se résume à une “imitation”, disant avoir “honte” de son pays près de vingt ans après la fin de la pérestroïka qu'il avait lancée. “La classe dirigeante se conduit de manière révoltante. Ils sont riches et dépravés. Leur idéal, c'est (Roman) Abramovitch”, milliardaire, propriétaire du club de football londonien Chelsea, de yachts et de villas luxueuses, estime M. Gorbatchev, dans un long entretien accordé au journal d'opposition, Novaïa Gazeta. “Je méprise cet idéal. J'ai honte de cette riche débauche. J'ai honte pour nous et pour le pays”, a ajouté le père de la pérestroïka, processus de libéralisation entamé en URSS dans la deuxième moitié des années 1980, et qui a pris fin avec la chute du régime soviétique en 1991. M. Gorbatchev a estimé que l'un des principaux obstacles, la fuite des cerveaux, s'expliquait par les carences démocratiques. “La vie normale est liée à la démocratie, quand le pouvoir est contrôlé, et non pas avec l'autoritarisme qui contrôle les gens et leurs libertés”, a-t-il souligné.