La DG de cette agence somme les locataires de s'acquitter des tranches de 5% de leur apport personnel, restées impayées jusque-là. Au moment où les hautes autorités du pays, à leur tête le président de la République, tentent tant bien que mal d'adoucir le climat de révolte qui règne en Algérie, la direction générale de l'Aadl somme ses locataires-acquéreurs selon la formule location-vente, de payer la ou les tranches de 5% du prix du logement, restées impayées à ce jour. Les attributaires concernés ont jusqu'au 28 février en cours pour effectuer le versement au sein de la banque et déposer l'original du reçu auprès de la direction. Passé ce délai, les sanctions prévues par la réglementation leur seront appliquées. Si les pièces originales justifiant le versement bancaire ne sont pas déposées à la direction de la gestion immobilière avant cette date à 15h30, les locataires seront “exposés à l'application des mesures réglementaires prévues à cet effet”, indique la note affichée dans les cités Aadl. Ainsi, les locataires n'ont, devant eux, que quelques jours pour se débrouiller la totalité de la somme, soit 70 000 DA pour le F3 et 85 000 DA pour le F4, représentant la tranche de 5%. D'aucuns estiment que cette note est loin d'être d'à-propos. En termes plus clairs, l'AADL n'a pas choisi le moment idoine pour dépêcher de telles missives aux directions relevant de ses compétences. Quand bien même cet avis est conforme aux termes du contrat liant le client à l'AADL, les conditions de son application demeurent toutefois difficilement réalisables en ce moment. En effet, est-il aisé de nos jours, avec toute la cherté de la vie et les dépenses quotidiennes et mensuelles de ces simples employés, de trouver la totalité de la somme, c'est-à-dire 70 000 DA ou 85 000 DA voire le double pour ceux qui n'ont pas pu payer les deux tranches ? L'écrasante majorité n'est pas en mesure de satisfaire l'exigence de l'agence, du moins avant le délai imparti. Il leur faut un temps suffisant pour dégoter l'argent nécessaire. Car, il ne s'agit pas d'une somme que l'on peut amasser aussi facilement surtout pour de simples fonctionnaires. Les habitants de ces sites viennent à peine de commencer à rembourser les crédits qu'on leur a accordés, qui par le biais des membres de la famille qui de leur entreprise, que l'AADL les pousse à s'endetter davantage pour payer les tranches restantes. Les locataires ne peuvent pas payer ! La note de l'AADL, si elle est maintenue, ne fera qu'envenimer la situation dont les prémices d'une explosion sont plus qu'apparentes. L'on se demande qu'est-ce qui a motivé la DG de l'AADL pour afficher un tel avis ? La mise en application de la réglementation ? Soit. Mais compte tenu de la situation sociale des habitants, peu enviable et difficile, il serait plus raisonnable de reporter l'exécution de cette “sentence”. L'on s'interroge, par ailleurs, si le ministre de l'Habitat, M. Nordine Moussa, est au courant de cette note ? Dans le cas où il ne serait pas tenu informé de cette décision, il doit intervenir en urgence pour apaiser les esprits. “Pourquoi exiger le paiement alors que le locataire-acquéreur ne peut pas encore devenir propriétaire avant 10 ans à compter de la date de l'attribution du bien ?”, se demande un des résidents. Autrement dit, précise-t-il, l'AADL peut ne pas accorder la propriété à son client après la décennie jusqu'à ce qu'il s'acquitte de la totalité du prix du logement. D'autres solutions existent aussi. Les résidents souhaitent que l'AADL leur accorde un délai d'une année supplémentaire. Ce report pourrait peut-être leur permettre de trouver l'argent nécessaire. Ils demandent, sinon, que la DG établisse un échéancier dont la somme sera déterminée et incluse dans le montant du loyer. La persistance de l'agence, quant au paiement de ces sommes, aurait-elle pour origine les injonctions de l'Inspection générale des impôts (IGF) qui, selon les écrits de la presse, enquête actuellement au sein de l'AADL ? Les deux tranches de 5% chacune font partie, pour rappel, de l'apport personnel que devait payer le locataire-acquéreur. Le contrat stipule que le bénéficiaire de la formule location-vente doit s'acquitter de 25% du prix du logement en guise d'apport personnel. Au début de la démarche, il doit payer 10% et ensuite 15% dès la réception. Pour faciliter l'accès à ce type de logement, le premier magistrat du pays a fractionné les 15% en trois tranches de 5% chacune. Le paiement de celles-ci a été étalé sur trois ans dont le premier versement devait être accompli à la remise des clés. Le reste, dans les deux années qui suivent. Asphyxiés par des difficultés financières, ces résidents n'ont pu respecter cette clause du contrat depuis 2005. Devant un tel imbroglio, va-t-on assister, dans les quelques jours à venir, à un nouveau bras de fer entre la DG de l'AADL et ses clients ? Tout porte à le croire. Sauf si le ministre décide de prendre en charge ce dossier et trouver une solution qui arrangerait les deux parties.