Quatre-vingt troisième veto américain à l'ONU pour protéger Israël ! Le premier d'Obama, qui se démène pourtant pour accompagner la révolution démocratique en marche dans les pays arabes. Alors que le président américain fait montre d'intenses efforts pour encourager les aspirations à la démocratie dans le monde arabe, il est vrai sans irriter des régimes qui sont aussi de précieux alliés, son veto à la résolution du Conseil de sécurité des Etats-Unis, d'initiative arabe et condamnant la colonisation israélienne, risque de miner ses efforts. Symbole puissant de l'attachement aveugle de Washington aux thèses colonialistes d'Israël, c'est la première fois depuis qu'Obama est entré à la Maison-Blanche que les Etats-Unis opposent leur veto à une résolution du Conseil de sécurité. Il s'agissait d'une résolution condamnant la poursuite de la politique israélienne de colonisation dans les territoires palestiniens. Obama reste fermement attaché aux basques de Netanyahu, même au prix de sa relative crédibilité aux yeux des révolutions arabes en marche. Il a pris le risque de miner la nouvelle crédibilité américaine aux yeux de populations arabes, alors qu'il s'est efforcé depuis la chute du dictateur tunisien, Ben Ali, le premier domino du puzzle tyrannique dans le Maghreb-Machrek. S'agissant d'Israël, Obama s'est même mis en retrait par rapport aux Européens, lesquels ont quand même rappelé le caractère illégal de la colonisation israélienne et la menace qu'elle constituait pour la solution à deux Etats. La France, le Royaume-Uni et l'Allemagne, qui n'ont pas la prétention affichée d'Obama d'assumer le rôle de médiateur au Moyen-Orient, ont appelé les deux parties (israélienne et palestinienne) à revenir aux négociations directes, soulignant que leur objectif restait de parvenir à un accord sur le statut final et que la Palestine devienne membre de l'ONU dès septembre 2011. Israël a immédiatement remercié le président Obama, rassuré par son geste que ce n'est surtout pas aujourd'hui que le grand protecteur américain prendra des mesures contraignantes à son encontre. Netanyahu a repris des couleurs au moment où la scène arabe bruit de révolution démocratique signant la fin de l'époque de compromis inégaux et de compromissions de tyrans arabes sur le dos du droit élémentaire des Palestiniens à un Etat et non pas à un simple confetti de territoire. Sans ce veto américain, la résolution de l'ONU aurait pu entraÎner une condamnation contraignante sur le plan du droit international obligeant Israël à cesser son entreprise de colonisation. L'Autorité palestinienne a aussitôt fait savoir, par la voix de Yasser Abed Rabbo, secrétaire général du Comité exécutif de l'OLP, et un des principaux négociateurs palestiniens, qu'elle allait réévaluer l'ensemble du processus de négociations de paix après ce veto américain. Mais le clash qui fait le plus mal à Washington est la réaction des autorités égyptiennes. L'Egypte post-Moubarak a violemment dénoncé le veto américain, estimant que cette décision a déçu les espoirs du peuple, non seulement palestinien et arabe, mais aussi au niveau international. Est-ce le signe que les lignes internationales vont enfin bouger dans le nouveau monde arabe en gestation ? Le fait que les militaires au pouvoir en Egypte aient dit publiquement ce qu'ils pensaient de l'alignement automatique de Washington sur Israël est en soi un indice. D'autant que cette armée a été formée, mieux, formatée, par le Pentagone.