Le nouveau ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a insisté hier, lors de sa prise de fonctions, sur la nécessité de refonder l'Union pour la Méditerranée, à la lumière des bouleversements dans le monde arabe. “Il va nous falloir refonder l'Union pour la Méditerranée. C'était une initiative prémonitoire”, a-t-il déclaré lors de la passation de pouvoirs avec Michèle Alliot-Marie, contrainte à la démission dimanche. “Ce qui se passe aujourd'hui au sud de la Méditerranée change complètement la donne. Nous avons besoin d'y réfléchir”, a ajouté M. Juppé. Ce forum de coopération entre l'Union européenne et les pays du sud de la Méditerranée dont Israël était l'un des grands projets de Nicolas Sarkozy à son arrivée à la présidence française en 2007. Il est aujourd'hui moribond, en grande partie à cause de la paralysie du processus de paix israélo-palestinien. “De ce qui se passe peut sortir le meilleur mais aussi le pire”, a déclaré Alain Juppé à propos des révolutions arabes. “Nous allons avoir fort à faire”, a-t-il ajouté. Au cours de cette brève cérémonie au Quai d'Orsay, Alain Juppé a également estimé qu'il fallait développer encore les capacités de l'UE en matière de diplomatie et de sécurité. Il a affirmé que les “partenariats stratégiques” avec les pays émergents devaient être renforcés, citant notamment la Chine, le Brésil et la Russie. “Nous devons anticiper (...) l'essor de l'Afrique au XXIe siècle. Ce serait pour nous une faute stratégique que de relâcher notre présence sur ce continent avec lequel tant de liens ont été construits au fil de l'histoire”, a-t-il encore dit. Enfin, il a rendu hommage à “la superbe carrière” de Michèle Alliot-Marie, tombée à cause de déclarations malheureuses sur la Tunisie et à cause de ses vacances de fin d'année dans ce pays, alors que la révolution avait commencé. “Je suis assez bien placé pour savoir que la vie politique est parfois brutale et injuste”, a-t-il dit.