Résumé : Nacéra, qui avait deviné que Nacer et Naïma se plaisaient, n'était pas du tout étonnée devant la proposition de Fettouma. Elle lui promet d'en parler à sa sœur, et de prendre elle-même les choses en main, mais pas avant le transfert des ossements de Mahmoud. 102eme partie Dès le lendemain, une commission spéciale constituée d'anciens maquisards, de délégués médicaux, ainsi que de quelques représentants du ministère des Moudjahidine et d'un imam se déplacèrent au Fort-National, en compagnie de Rachid, Nacer, leur beau-frère et bien entendu de Nacéra. Cette dernière avait même contacté les familles du petit Hamid et de Si Mustapha afin que ces deux derniers soient transférés eux aussi avec l'accord des leurs. On récita la Fatiha, puis on procéda à l'ouverture de cette fosse commune qui n'avait pas vu le jour depuis l'enterrement hâtif de Mahmoud. Bien sûr, le temps avait fait son œuvre. Après avoir enlevé les mottes de terres et les quelques pierres qui recouvraient la tombe, on découvrit le premier squelette. La tête s'était détachée du corps, et les côtes désarticulées s'accrochaient à une colonne vertébrale qui menaçait de lâcher au moindre geste. Rachid et le médecin légiste se rapprochèrent davantage de la fosse un masque sur le visage. Le toubib examine attentivement les ossements, et Rachid lui désigne les mâchoires encore attachées au crâne, et les dents supérieures dont les racines étaient visibles. Le médecin fait un geste de négation : - Les dents ne sont pas toujours une référence. Beaucoup de crânes, les retiennent assez longtemps quand la tombe n'est pas trop exposée à la chaleur. - Mais comme m'a mère m'avait affirmé que mon père n'avait jamais eu de problèmes dentaires, je crois que le fait de les examiner de plus près nous sera d'une précieuse aide. Nacéra s'approche d'eux : - De quoi parlez-vous donc ? Je vais vous simplifier la tâche : Si Mustapha n'avait presque plus de dents lorsqu'il fut assassiné, et petit Hamid, avait les dents centrales cassées. Et puis Mahmoud doit avoir une ou deux côtes brisées, et peut-être même la trace des projectiles à l'intérieur du thorax. Quelques moudjahidines approuvèrent, et l'un d'eux ajoute : - Je me rappelle aussi un autre détail tout aussi important : les tenues… Seul Mahmoud portait un treillis. Petit Hamid portait une salopette d'un bleu foncé et Si Mustapha une kachabia. Continuez de creuser, nous trouverons peut-être d'autres indices qui nous permettront de reconnaître l'identité de chaque corps. On creuse encore un peu, pour trouver un autre squelette tout aussi disloqué que le premier. Mais on tient à creuser plus profondément afin de dégager le troisième et dernier squelette. (À suivre) Y. H.