Les réformes promises par le chef de l'Etat ne trouvent aucune grâce aux yeux du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) en reprochant à Bouteflika de “faire fausse route”. Pour le parti de Saïd Sadi, les “réformes préparées en catimini avec des acteurs responsables de la régression nationale” et la “glorification d'un bilan dont il suffirait de corriger quelques insuffisances” mettent à nu “la démarche et les intentions du chef de l'Etat” qui visent à “desserrer l'étau de la pression internationale et gagner du temps pour procéder aux reclassements claniques qui permettront de relancer le système”. “La lettre du chef de l'Etat, autant par la manière dont elle a été rendue publique, son contenu, que par les manipulations qui l'accompagnent, a le mérite de confirmer l'incapacité du système à entendre la voix de la raison et à lire les exigences de l'Histoire”, analyse le RCD, dans un communiqué rendu public hier. Et de souligner, un brin sarcastique : “On apprend que tout ce qu'il n'a pas voulu ou pu faire durant 12 années à la tête de l'Etat devient désormais urgent et essentiel”. “Au moment où le peuple algérien exige transparence et changement radical, le système en place mobilise ses officines pour enfermer le débat dans ses clientèles autour desquelles se greffent les acteurs politiques qui furent les premiers responsables des déchirements sanglants qui ont endeuillé le peuple algérien dès les premiers jours de l'Indépendance”, lit-on encore dans le communiqué. Parce que le Sud est engagé dans “un mouvement irréversible en faveur de la libération des peuples”, le RCD juge la démarche du chef de l'Etat “anachronique” et donc “condamnée”. Pourquoi ? “Les nations démocratiques conviennent enfin que les dictatures ne peuvent plus assurer la stabilité qu'elles ont longtemps promise pour justifier leurs crimes et abus”, explique-t-il. Pis, au lieu de s'inscrire dans le sens de l'Histoire, l'Algérie officielle “se fourvoie avec les régimes de Damas, de Sanaâ et de Tripoli”. “À l'incapacité de lire une nouvelle phase historique animée par la volonté d'émancipation citoyenne, s'ajoute l'illusion de croire encore possible d'entretenir le cartel des oligarchies sanglantes qui ont asservi leur peuple et déstructuré leur nation”. Autre reproche fait par le RCD au régime de Bouteflika, “miné par ses divisions et déstabilisé par ses peurs” : son autisme face aux bouleversements que connaît le pays. “Les manipulations clientélistes, la désinformation, la corruption ou, pire, les appels au meurtre et les incitations au racisme auxquels recourt le pouvoir sont autant d'aveux qui soulignent son aveuglement et son refus de prendre acte de la mobilisation d'un peuple, à laquelle la jeunesse prend une part essentielle, qui veut arracher ses droits, vivre dans la dignité, construire en toute transparence les cadres de la représentation nationale et élire librement ses représentants”, explique-t-il. La solution ? “Œuvrer au rassemblement de toutes les forces sociales et politiques convaincues que le sacrifice consenti par le peuple algérien pour se libérer du colonialisme et ses légitimes aspirations démocratiques passent par une phase de transition qui consacrera la fin d'un demi-siècle de reniement, de violence et d'injustice”, estime le RCD.