Le parti de Saïd Sadi ne semble pas faire confiance à la justice dans l'affaire des trois plaintes qu'il a déposées au tribunal de Bir Mourad Rais contre MM. Bouteflika, Ouyahia et Zitouni (P/APC) d'Alger centre. C'est du moins ce que suggère son communiqué, rendu public hier, citant «des officines plus ou moins identifiées» qui distillent, d'après lui, des «rumeurs qui sont autant d'indices sur la volonté de désinformer l'opinion publique sur les plaintes déposées par le RCD». Le RCD précise ainsi qu'une «propagande sournoise» voudrait faire accroire que, s'agissant des deux premières plaintes, le RCD aurait commis une «erreur de procédure» puisque, est-il suggéré, le chef de l'Etat comme le premier ministre relèveraient, en cas de faute grave, de la Haute cour de l'Etat. Mais le parti de Sadi persiste et signe qu'il a intenté une action en justice contre «un candidat à l'élection présidentielle (et) un secrétaire général d'un parti politique» et, par conséquent, ces deux qualités relèvent de juridictions ordinaires. Concernant la haute trahison, le RCD souligne que «n'étant ni produit ni producteur du système, il ne dispose pas d'éléments patents à même de vérifier une telle forfaiture». Cela étant dit, et au-delà des suites judicaires qui seront données aux trois plaintes déposées par le RCD contre MM. Bouteflika, Ouyahia et Zitouni, ce parti n'a pas raté sa sortie médiatique pour dénoncer les faits imputés à ces derniers. Au candidat Bouteflika, il reproche «un abus de l'utilisation des deniers et des biens de l'Etat ainsi que le dépassement du seuil légalement prévu dans le financement d'une campagne électorale». S'agissant d'Ouyahia, le rassemblement dénonce des propos diffamatoires «gravement attentatoires à l'honneur et au patriotisme des citoyens ayant refusé la soumission dans un package illégal, illégitime et dangereux pour l'avenir national». Enfin, contre Zitouni, le RCD dénonce des actes relevant de «la pure délinquance, initiés et encadrés, dans leurs exécutions, par ‘des élus' locaux de la capitale». Ne se faisant manifestement pas d'illusions sur l'issue de cette affaire, le parti de Sadi note tout de même avoir assumé, via ces procédures, «sa mission de formation politique et républicaine». Il invite ainsi tous les acteurs soucieux de «l'assainissement de la vie publique, à saisir cette opportunité pour apporter leur contribution à la construction d'un Etat de droit, préalable à toute légitimité du pouvoir politique et à la stabilité de la Nation», conclut le communiqué. Il y a lieu de rappeler que le Rassemblement pour la culture et la démocratie a déposé en avril dernier, soit la veille de l'élection présidentielle, une plainte contre le candidat Bouteflika pour «usage des deniers publics» dans sa campagne électorale et une autre contre Ahmed Ouyahia pour avoir traité les partisans du boycott de «traîtres». Une troisième plainte a été déposée contre le maire d'Alger centre, Zitouni, accusé d'avoir organisé une «descente punitive» dans les sièges du parti. Les deux plaintes, déposées au tribunal de Bir Mourad Rais, ont été l'objet d'une polémique entre le RCD et le procureur de la République sur leur enregistrement ou pas.