Douar Afensou, le village principal de la tribu des Ouichaouas, était à l'indépendance le douar le plus important du massif de Collo par le plus grand nombre de mechtas qui le composent. Le village était populeux et les riverains étaient nombreux à s'adonner aux activités agricoles et forestières qui offraient particulièrement aux jeunes des emplois à longueur d'année, les incitant à y rester et à y faire leur vie. Il y avait trois cafés, une boulangerie, une boucherie, des épiceries, un restaurant, une mosquée… au centre du village, et une école à quelques dizaines de mètres plus loin. Ce village n'est habité aujourd'hui que par environ 150 familles dans des maisons éparses et ne restent que seulement deux cafés où l'on vend également des produits alimentaires. Les autres ont fermé boutique et la majorité de la population a quitté ce douar qui n'offre que misère et désolation. Mais rien n'a été fait pour lui rendre la vie, et toutes les familles qui en ont les moyens le quittent sans y retourner quitte à abandonner les arbres fruitiers, principale richesse de cette région montagneuse. Les activités forestières sont quasi nulles et les villageois sont ignorés par les opérations de développement depuis que ce village a été rattaché à la commune de Kanouàa. Les quelques familles qui y restent cherchent la moindre opportunité pour fuir ce douar sans perspectives. La route qui mène vers les villages de Djouaba et ensuite d'Afensou qui n'a été que goudronné sur du gravier s'est sensiblement détériorée. Lors d'une récente visite à ce douar, les parents d'élèves soulèvent le calvaire des 50 collégiens qui se déplacent vers Kanouaà entassés dans un camion rafiot et ensuite un bus très vétuste après un mouvement de protestation des élèves. L'un des parents nous dit que les élèves sortent à 6h pour ne revenir qu'à 18h, et souhaite qu'un bus de la solidarité soit affecté à leur village pour soulager leurs enfants. Cependant, ils considèrent que la vie ne reviendra dans ce village que lorsque la route Tabellout, Aïn Sedma, Afensou, Djouaba, Zitouna, sur un tronçon de 20 km, sera réalisée. Même s'ils considèrent que le programme du logement rural encourage les habitants à y rester. Abderrahmane BOUKARINE