Le bras de fer, qui oppose depuis un mois le collectif des travailleurs du complexe agro-alimentaire de l'Enasucre et la direction, se durcit en dépit de l'implication de l'Inspection du travail et des autorités locales, qui avaient tenté des médiations. Chaque partie campe fermement sur ses positions et cette situation porte atteinte à l'économie puisque cette importante usine, qui est désormais à l'arrêt, contribuait à la raffinerie d'environ 15% de la production nationale de sucre. Ce complexe de l'ex-Sogedia, édifié au début des années 1970 à la sortie de la ville de Guelma, était considéré comme le fleuron de l'économie nationale, car il englobait plus de 1 500 salariés, tous corps confondus, qui bénéficiaient du transport, de la cantine, de primes diverses, d'avantages sociaux, de prêts, d'une coopérative de consommation, etc. La récession économique survenue à la fin des années 1990 a engendré la descente aux enfers des unités de production à travers l'ensemble du territoire national. À la faveur de nombreux déboires, ce complexe dénommé Enasucre emploie 270 travailleurs qui s'attellent à poursuivre la feuille de route tracée par le nouveau patron : un homme d'affaires algérien qui avait décroché une concession de cinq années en 2008. Les relations de travail avaient périclité et elles ont engendré des sit-in, des contestations et des grèves au cours desquels les salariés avaient investi la RN20 et bloqué la circulation routière. Actuellement, ce sont deux centaines de travailleurs qui sont en grève illimitée, alors que les administratifs et les contractuels sont en poste. La production de sucre est suspendue puisque tous les équipements sont à l'arrêt. Les grévistes sont déterminés à arracher leurs revendications, à savoir la revalorisation des salaires, l'octroi de diverses primes, la permanisation du personnel contractuel, le bénéfice des congés annuels qui sont gelés, la réintégration des travailleurs licenciés et surtout du respect et de la considération de la part du gérant-directeur qualifié de tous les maux.