La stabilité politique est-elle un facteur indispensable au développement économique ? Certainement oui, indiquent des experts, des politiques et des chefs d'entreprise, invités, hier, au Forum du quotidien d'El Moudjahid pour débattre de la stabilité politique et ses conséquences sur les anticipations des agents économiques. Pour autant, certains animateurs de la table ronde, comme le député du Parti des travailleurs (PT), Ramdane Taâzibt, mettent un bémol, s'interrogeant sur le type de stabilité politique. Le député du PT évoque le cas de la Tunisie qui, pendant des décennies, était montrée comme “le bon élève du FMI”, le pays le plus stable. Les derniers évènements qu'a connus ce pays ont montré que cette stabilité politique imposée par la matraque a jeté des pans entiers de la société dans la pauvreté. Le FMI, lui-même, reconnaît n'avoir rien vu venir, scotché qu'il est sur les indicateurs macroéconomiques, ignorant les inégalités dans les revenus et la précarité des emplois créés. “C'est parce qu'il y avait en Tunisie un gouvernement non éthique”, a indiqué Mustapha Nabli, le nouveau gouverneur de la Banque centrale tunisienne et ancien économiste en chef à la Banque mondiale à Washington chargé de la région Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord). “La stabilité politique est indispensable, mais pas au détriment des libertés. Ce qu'il faut, c'est un Etat de droit, une véritable démocratie”, a affirmé M. Ramdane Taâzibt, relevant que notre pays “a enregistré des régressions ces dernières années”. Le député du PT note que le gouvernement, “affolé, donne de l'argent à tout-va”, rappelant le chiffre de 5,5 milliards de dollars consacré aux dispositifs d'emploi. “C'est un gâchis financier, un gaspillage monstre”, a qualifié, auparavant, M. Abdelmalek Serrai, consultant, mettant en exergue l'absence de stratégie économique à long terme. M. Abdelmalek cite comme exemple le recours “excessif” à la loi de finances complémentaire, traduisant une instabilité juridique, à l'origine de la désaffection des investisseurs étrangers. C'est ce manque de visibilité que soulève Nacéra Haddad, chef d'entreprise et membre de l'association Seve, revendiquant davantage d'écoute et de concertation. Les entreprises réagissent aux mesures d'encouragement, coûts et contraintes qui sont souvent résumés sous la rubrique “environnement des affaires” ou, plus étroitement, “climat de l'investissement”. Les actions du gouvernement, lors de l'élaboration et la mise en œuvre des politiques, influencent l'environnement des affaires et de l'investissement. De bonnes politiques et une bonne administration des politiques sont toutes deux requises. L'une sans l'autre ne pourrait être efficace. Pour la plupart des pays de la région Mena, l'environnement bureaucratique pour la conduite des affaires est encore pesant par rapport aux pays comparables à travers le monde. L'une des manifestations particulières les plus courantes de la mauvaise gouvernance est la corruption, qui se traduit par le favoritisme, le népotisme ou les pots-de-vin. La crise actuelle dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (Mena) montrait qu'une participation accrue des citoyens et une meilleure gouvernance étaient essentielles pour le développement économique.