Le constat fait l'unanimité : rareté du foncier en raison de la spéculation, urbanisation anarchique, absence de poly-fonctionnalités pour cause d'absence d'équipements publics, quartiers sans urbanité et espaces verts qui se réduisent comme peau de chagrin. La ville de Tizi Ouzou n'arrive pas à se départir de son sobriquet de lbiladj (village colonial) du fait d'une stratégie d'urbanisation qui a fait défaut, donnant ainsi l'image d'un faubourg qui développe des excroissances urbanistiques de manière anarchique. L'exemple de la Zhun-Sud, appelée communément Nouvelle-Ville, est édifiant à biens des égards. Bâtie en série de “pachydermes” sans attraits aucuns qui rappellent l'architecture socialiste, la Nouvelle-Ville de Tizi Ouzou est, aujourd'hui, dépourvue d'espaces libres qui ont été livrés à la spéculation foncière et à la promotion immobilière effrénée. C'est dans l'optique de mettre fin à ce massacre que les pouvoirs publics ont décidé de doter Tizi Ouzou d'une nouvelle stratégie d'urbanisation qui passe nécessairement par la révision du Pdau. Cet instrument d'urbanisme poursuit l'objectif de décongestionner la ville de Tizi Ouzou et de faire de celle-ci un pôle urbain en conformité avec le Schéma régional de l'aménagement du territoire, lui-même inspiré du Snat 2025. Il s'agit, plus prosaïquement, de “substituer un urbanisme actif à une urbanisation subie”, selon l'analyse de Mohand-Akli Aoudj du BET SCP ADS Progress, qui a présenté, dimanche, le plan, version corrigée, de la ville nouvelle et du pôle d'excellence d'Oued Falli. La cérémonie a eu lieu en présence de l'inspecteur général du ministère de l'Habitat, du wali, des élus APW, du P/APC et des directeurs de l'exécutif. Le travail présenté est le résultat de plusieurs séances de concertation, y compris au ministère de tutelle. La superficie du pôle urbain et du pôle d'excellence passe de 670 à 902 ha, avec l'intégration de deux zones d'urbanisation futures sur des terres agricoles. Le nouveau pôle urbain composé de six quartiers sera en mesure de canaliser l'essor démographique et les flux migratoires. L'analyse urbaine de ce nouveau pôle en devenir contraste avec l'anarchie qui avait caractérisé le lancement de la Zhun-Sud qui souffre de sous-équipement et de surdensité démographique. Obéissant à une nouvelle approche qui intègre les normes universelles d'urbanisation, le nouveau pôle urbain, intitulé “Tighremt n'Tizi” (la Cité moderne de Tizi Ouzou), accueillera quelque 6 000 logements de types social-locatif et promotionnel aidé pour une population forte de 70 000 habitants. Des équipements socio-éducatifs et administratifs y sont prévus également : un tribunal, une bibliothèque, un Cfpa, des établissements scolaires, des sièges administratifs, un centre culturel, une salle de cinéma, des locaux professionnels, etc. Le pôle d'excellence sera étalé sur une superficie de 355 ha qui aura comme point central le nouveau stade de 50 000 places. Intervenant à l'ouverture des travaux, le wali Abdelkader Bouazghi intègre cette nouvelle stratégie d'urbanisation dans une vision globale qui accompagne une décision politique : lancer quelque 9 000 logements dont 5 000 à Oued Falli dans les plus brefs délais, d'autant plus qu'aucun logement n'a été livré depuis dix ans dans la commune de Tizi Ouzou, faute justement d'assiette de terrain pour accueillir les programmes de l'habitat. Au sujet du pôle urbain de Oued Falli, M. Bouazghi a reconnu la difficulté de viabilisation qui nécessite encore un effort gigantesque des deniers de l'Etat. Le représentant du ministère de l'Habitat a suggéré d'organiser le “phasing” des projets à moyen terme. Il a notamment souligné la nécessité de développer le transport de masse dans ce nouveau pôle urbain et surtout éviter les erreurs commises lors de la réalisation de la Nouvelle-Ville gagnée aujourd'hui par des attraits de ruralité, au moment où la capitale du Djurdjura nourrit l'ambition d'animer la métropole de demain.