L'Union générale des entrepreneurs algériens (UGEA) est sortie de sa réserve pour décrier les entraves que rencontrent les entreprises de réalisation notamment dans les secteurs du bâtiment, des travaux publics et de l'hydraulique. La rencontre-débat, organisée hier par le forum El Moudjahid sur les maîtres d'œuvres et à laquelle ont assisté des chefs des entreprises publiques et privées, a été justement l'occasion pour certains d'entre eux de s'exprimer sur leurs problèmes. Abdelmadjid Dennouni, le président national de l'UGEA, a souligné dans son intervention d'ouverture la nécessité d'ouvrir un dialogue entre l'état et les entrepreneurs nationaux, publics ou privés “car on ne peut faire de distinction dès lors qu'il s'agit de contribuer au développement du pays”. Dans un bilan relatif au plan quinquennal 2005-2009, il rappellera le taux de 86% réalisé par des entreprises algériennes dans les secteurs cités. “Il y a eu certes quelques insuffisances au début, mais aujourd'hui nous possédons un capital expérience doublé d'enseignements tirés du passé”, argumente le conférencier ajoutant que “nous sommes suffisamment outillés pour contribuer pleinement à la réalisation du programme d'habitat, TP et hydraulique inscrit dans le quinquennal 2010-2014”. Un programme rappelé également en chiffres représentant globalement plus de 240 milliards de dollars. “Nous pouvons d'ores et déjà confirmer que nous allons assurer les réalisations dans les délais. Les entreprises algériennes sont capables de relever le défi à tous les niveaux. Il faut savoir à ce sujet que les entreprises étrangères ont, dans le cadre des différentes réalisations du quinquennal dernier, fait appel à la sous-traitance algérienne. Cette sous-traitance nous a permis de renforcer notre savoir-faire. Nous sommes donc conscients que l'état attend de nous des solutions. De plus, le nouveau code des marchés fait désormais obligation aux sociétés étrangères de s'associer avec des entreprises algériennes dans la formule dite 49-51”, affirme-t-il. M. Dennouni n'accepte toutefois pas l'attitude des responsables de ces secteurs caractérisée souvent par des réticences pour ne pas dire des freins, une situation qu'il considère pénalisante pour les entrepreneurs nationaux. Abordant le sujet de la qualification, condition préalable dans la majorité des attributions de marchés, il se dit offusqué qu'on continue à exiger “des qualifications de catégories 4, 5 et plus pour un jeune universitaire fraîchement arrivé sur le marché de l'entreprenariat et qui ne demande qu'à contribuer, un tant soit peu, à la concrétisation d'un programme de développement national où en principe toutes les compétences sont les bienvenues”. Il étayera en chiffres annonçant que 25 000 cadres universitaires sont destinés chaque année à ces trois secteurs d'activité. Au chapitre des entreprises privées, le président de l'UGEA se dit offusqué de constater une certaine discrimination à l'encontre de ces dernières en matière d'assainissement des contrats de performance comme cela a été décidé pour les entreprises publiques. Un membre de cette association fera remarquer que dans beaucoup de wilayas de l'intérieur du pays, il a été enregistré, avec satisfaction, la réalisation dans les délais de plusieurs projets par des entreprises privées, pendant que d'autres projets confiés à des organismes comme l'EPLF ou l'OPGI accusent de grands retards. Pour le représentant du ministère des TP, il s'agit de la réalisation d'un colossal programme d'infrastructures de base avec des objectifs à atteindre nécessitant le respect des délais, des coûts et de la qualité qui reste le mot d'ordre. “Dans le passé, on a pris le train en marche, mais nous n'avons plus à répéter les erreurs. La part revenant au secteur des TP dans l'actuel quinquennal est de près de 40 milliards de dollars. Le code des marchés publics est clair dans ce sens. Il exige la technologie, le savoir-faire, le partenariat. Les objectifs assignés doivent répondre aux critères suivants : la mise à niveau de l'outil national, la performance, la synergie des efforts”, fait noter l'intervenant. Revenant à la charge, le président de l'UGEA met en cause le décret sur la qualification qu'il considère qui va à l'encontre des intérêts du pays. “C'est une loi scélérate dépassée nécessitant des amendements. Le cahier des charges doit être ouvert à toutes les catégories d'entreprises. Il est temps de mettre fin aux contraintes de même qu'il faut ouvrir les portes au dialogue”, s'écrie M. Dennouni.