Le Premier ministre israélien a violemment réagi à l'accord scellé au Caire, le 27 avril, entre le Fatah et Hamas, qui ont décidé de tourner la page de quatre ans de lutte, pour former un gouvernement transitoire en vue d'élections présidentielle et législatives, d'ici une année. Netanyahu menace, sommant le président de l'Autorité palestinienne de “choisir entre la paix avec Israël et la paix avec le Hamas”! Israël qui ne sait plus sur quel pied danser depuis que le Printemps arabe souffle dans la région, est persuadé que la réconciliation entre les frères ennemis palestiniens, le Fatah du président Mahmoud Abbas et le Hamas islamiste, se bâtira au détriment de sa stratégie de division et que les Israéliens perdront le très peu de soutien dont ils bénéficient encore sur la scène internationale. Netanyahu et son ministre des AE, l'anti-arabe notoire Lieberman, ne pourront plus jacasser sur le terrorisme islamiste palestinien. La réponse de Mahmoud Abbas à Netanyahu “Israël doit choisir entre la paix et la colonisation”, recadre la problématique israélo-palestinienne, relevant, si besoin était, la grande marge dont ont profité les Israéliens pour violer toutes les résolutions internationales. Israël a exploité la division entre les deux parties palestiniennes pour violer son engagement sur les accords de paix, tout comme les Etats-Unis, voire la communauté internationale, s'étaient soustraits de leurs devoirs envers la cause des Palestiniens. La désunion parmi les Palestiniens était, à l'évidence, la principale raison de leur faiblesse avant l'invasion israélienne, la réalisation du mur de ségrégation, la judaïsation de Jérusalem et l'accaparement d'une bonne partie des terres de la Cisjordanie. Même les Américains ont fraîchement accueilli cet accord inter-palestinien ! Le Conseil de sécurité nationale américain, tout en se disant favorable à une réconciliation entre les Palestiniens, s'est inquiété d'une participation du Hamas à cet exécutif transitoire qui doit préparer les élections générales. Les deux parties palestiniennes doivent en effet former un gouvernement composé d'indépendants. C'est en grande partie le double jeu de Washington qui a encouragé les diverses droites israéliennes dans leur fait accompli et fuites en avant. Obama a fermé les yeux sur la construction de nouvelles colonies juives dans les territoires palestiniens occupés, alors que lui-même avait parrainé en 2010 la nouvelle phase des pourparlers de paix israélo-palestiniens, promettant un Etat palestinien à la fin de cette année. Fatah et Hamas, qui gouvernent respectivement les zones autonomes de Cisjordanie et la bande de Gaza, ont également annoncé avoir réglé la question de la réunification des forces de sécurité, un de leurs principaux différends. Les consultations sur le gouvernement ont commencé et l'équipe serait annoncée cette semaine au Caire par le président de l'Autorité palestinienne et le numéro un de Hamas. L'accord de réconciliation a été annoncé après une rencontre des deux délégations avec le nouveau chef des services du renseignement égyptiens, le général Mourad Mouafi. De nombreux Palestiniens à Gaza se réjouissaient de l'accord, espérant une véritable réunification entre les deux territoires, de plus en plus déconnectés depuis l'éviction de l'Autorité palestinienne de Gaza par le Hamas en juin 2007. L'accord est d'autant plus crédité de succès qu'il intervient dans le sillage du Printemps arabe. Des dizaines de milliers de Palestiniens ont manifesté ces dernières semaines pour la fin de la division, contraignant leurs dirigeants rivaux, particulièrement, ceux de Hamas, à exprimer leur soutien à la réconciliation, qui piétinait depuis la signature avortée en octobre 2009 d'un document sous médiation égyptienne. L'accord conclu porte sur toutes les questions controversées, les élections, la commission électorale, les forces de sécurité, le démantèlement des milices, les accords avec Israël. Il intervient également au moment où les Palestiniens, désespérant des négociations de paix avec Israël interrompues depuis six mois, veulent porter leur demande de reconnaissance d'un Etat devant l'ONU en septembre.