Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, entend convaincre Londres et Paris de ne pas reconnaître un Etat palestinien sans qu'un règlement ne survienne avec Israël ! De fait, rien de nouveau puisque toute la stratégie d'Israël depuis sa création est fondée sur l'état de guerre permanent dans le Moyen-Orient. Or, la réconciliation interpalestinienne et les transformations en cours et à venir sur la scène arabe avec le vent de la démocratie qui y souffle, vont dans le sens d'un apaisement interarabe mais aussi d'une nouvelle approche des relations et positions entre le monde arabe et leur voisin de fait que constitue Israël. Très inquiet par le Printemps arabe, dont l'Egypte post-Moubarak a d'ores et déjà fait savoir que ses liens avec Israël seront révisés de sorte à les placer sous le signe de relations gagnant-gagnant et dans la cadre de la dignité retrouvée, ce qui inclut aussi le respect des droits reconnus des Palestiniens, Netanyahu compte exploiter l'accord signé au Caire entre le Fatah et le Hamas, qui met un terme à la division entre la Cisjordanie et Gaza et qui ouvre la voie à des élections générales palestiniennes dans un an. “J'appelle Mahmoud Abbas à abroger totalement l'accord avec le Hamas et à choisir la voie de la paix”, a-t-il encore affirmé mardi lors d'une rencontre avec Tony Blair, l'envoyé spécial du Quartette pour le Proche-Orient, composé de l'Organisation des Nations unies, des Etats-Unis, de l'Union européenne et de la Russie. Netanyahu compte réitérer ce message ce week-end devant le Premier ministre britannique David Cameron et le président français Nicolas Sarkozy. Ses proches ont également annoncé qu'il profitera aussi du fait que le Hamas ait condamné le raid américain qui s'est soldé par la mort de Ben Laden dimanche dernier. Les Etats-Unis ont d'ailleurs qualifié cette condamnation de “scandaleuse”, tandis que la Grande-Bretagne a critiqué l'attitude du mouvement islamiste palestinien. Netanyahu aura cependant des difficultés à entraîner la France derrière lui. “Si le processus de paix est toujours au point mort en septembre, la France prendra ses responsabilités sur la question centrale de la reconnaissance de l'Etat palestinien”, a prévenu, hier, le président français dans une entrevue. Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a en outre souligné que l'accord de réconciliation allait “dans la bonne direction”, tout en appelant le Hamas à reconnaître Israël et à renoncer à la violence. Londres sera aussi difficile à convaincre si l'on s'en tient à la déclaration du ministre des AE britannique William Hague qui a exprimé, lundi, sa satisfaction “de principe” au sujet de l'accord entre les Palestiniens. Reste les Etats-Unis qui ont fait état de leurs réserves sur l'accord qui permet au Fatah et à Hamas de former un gouvernement d'union nationale pour préparer les élections et l'Etat de la Palestine.