Les Algériens sont actuellement leur propre ennemi. Ils voient trop petit et ont trop peur de l'avenir. Les Algériens ont la possibilité de construire une économie de classe mondiale. L'Algérie devrait faire partie du peloton de tête des pays émergents comme les quatre grands que sont la Chine, l'Inde, le Brésil et la Russie, auxquels se rajoutent les quatre dynamiques que sont la Turquie, la Corée du Sud, Taïwan et la Malaisie pour former le groupe le plus dynamique de la terre. Si l'Algérie ne le fait pas encore, c'est parce que les Algériens sont actuellement leur propre ennemi. Ils voient trop petit et ont trop peur de l'avenir. En s'ouvrant et en acceptant le challenge de la compétition, ils éradiqueront non seulement la pauvreté mais aussi les maux de société que sont la corruption et les déviances de gouvernance qui caractérisent le monde d'aujourd'hui. C'est du moins la conviction d'un groupe d'experts algériens exerçant en Algérie, en Europe et en Amérique du Nord, qui ont publié chez Casbah éditions un ouvrage collectif portant sur le développement économique algérien. Loin d'être “un livre de recettes économiques clé en main”, l'ouvrage collectif Le développement économique algérien : Des voies pour la stratégie nationale, dirigé par Taïeb Hafsi, professeur et chercheur en management de HEC Montréal (Canada), se propose de montrer aux décideurs les leviers sur lesquels il faut peser pour élaborer leurs programmes économiques. L'ouvrage auquel ont collaboré, notamment, Abderrahmane Mebtoul (universitaire, consultant international, Oran), Ahmed Benbitour (économiste, consultant international), Nadji Safir (sociologue), Ali Dib (économiste, spécialiste de l'analyse des économies internationales), Abdou Attou (spécialiste de la finance internationale, au Royaume-Uni), Kamel Khiari (spécialiste en droit des affaires, Canada), Boualem Aliouat (universitaire, expert en stratégie d'entreprises, Nice-Sophia Antipolis), Ahmed Bensaâda (universitaire, conseiller pédagogique, Canada), Esma Aïmeur (consultante internationale et spécialiste en sécurité de l'information Canada), Oumelkhir Touati (sociologue à l'université de Montréal), Rezki Lounnas (consultant international, expert en énergie et ancien cadre à Sonatrach), Morteda Zabouri (expert en économie politique internationale), Mehdi Abbas (économiste à l'université de Grenoble), Bachir Mazouz (professeur spécialisé dans le fonctionnement et l'intervention de l'Etat), Noureddine Belhocine (spécialiste en management) et enfin Ramdane Djoudad (économiste), insiste sur les démarches qui ont le plus de chances de générer les meilleures décisions. S'adressant d'abord à l'avant-garde économique et politique du pays, les politiciens élus à tous les niveaux, de l'APN à l'APC, les gestionnaires et dirigeants de l'Etat, les gestionnaires et dirigeants d'entreprises publiques et privées, les leaders d'opinion dans les médias et les étudiants des cycles universitaires avancés…, le livre met l'accent “sur la construction des processus qui pourraient amorcer un cycle de construction vertueux et sortir l'Algérie des atermoiements qui la paralysent”. Les auteurs ne cherchent pas à donner forme aux décisions économiques “mais seulement à les accompagner d'une démarche, de tests convaincants, valables aujourd'hui et demain”. À travers le livre, ils veulent convaincre les politiciens que “le plus important n'est pas une théorie ou une idéologie, mais le consensus qui fait que quelle que soit la théorie retenue, elle permet la convergence de l'action collective et la rend constructive”. “Le tour d'horizon proposé dans ce livre est destiné à montrer tout ce que l'Algérie s'empêche de réaliser faute d'utiliser les résultats des sciences sociales et du management et faute de libérer les ressources humaines considérables dont elle dispose”, souligne Taïeb Hafsi en introduction. L'Algérie, relève-t-on, ne souffre pas de manque d'idées. Au contraire, il y aurait trop d'idées concurrentes et les débats de spécialistes sont désorganisés. Ce qui manque c'est un leadership capable d'aider les élites “à résoudre leurs conflits, à trouver les formes de débats les plus féconds” pour que les idées deviennent des moteurs. En d'autres termes, un mangement qui “permette à chaque secteur d'activité, de performer au mieux”, ce dont souffre aujourd'hui l'Algérie. “Ce livre et les contributions de ce collectif veulent suggérer aux dirigeants de l'Algérie de ne pas se laisser tromper par le miroir aux alouettes de la richesse et du pouvoir volés. Ils réaliseront plus pour eux-mêmes et pour la nation en acceptant de se dépasser. En utilisant la science, en décentralisant, en libérant les énergies considérables générées par la Révolution de Libération nationale, ils seront à la mesure de cette Révolution, du serment des martyrs et feront œuvre historique. Faute de cela, ils seront honnis à jamais par toutes les générations futures d'Algériens”, explique Taïeb Hafsi. Cet ouvrage unique en son genre est, en plus d'un plaisir de lecture, un matériau indispensable pour tous ceux qui ont l'Algérie et son développement au cœur. Le développement économique algérien : Des voies pour la stratégie nationale Ouvrage collectif dirigé par Taïeb Hafsi Casbah Editions 761 pages