Par leur action d'hier, les résidents tenaient notamment à dénoncer les dernières déclarations du ministre de la Santé. Plusieurs centaines de résidents se sont donné rendez-vous, hier, devant le ministère de la Santé pour confirmer, encore une fois, leur détermination et leur attachement à leur cause. Même si les responsables du ministère ont fait procéder à la fermeture des portes du siège pour empêcher les grévistes d'y accéder, ces derniers ont tenu leur rassemblement, décidé disent-ils, en guise de “réponse aux intimidations” de la tutelle. Les réunions tenues avec le ministère de la Santé étaient “des réunions de menaces”, dénonce le Dr Sahnoun, représentant du Collectif autonome des médecins résidents (Camra). “Outre les ponctions sur salaires et la radiation, le ministre de la Santé a instruit tous les CHU, par le biais d'une circulaire, d'interdire les réunions du collectif et les sit-in au sein des hôpitaux. Il a même autorisé les directeurs des hôpitaux à recourir aux forces de l'ordre dans l'enceinte des établissements hospitalo-universitaires”, a-t-il ajouté, tout en assurant que ses confrères ne céderont pas à la pression. “Nous sommes en grève depuis 2 mois et nous ne comprenons pas pourquoi c'est maintenant que le ministre de la Santé brandit des menaces”, s'étonne-t-il. Le porte-parole du Camra affirme que les réunions avec la tutelle étaient “infructueuses”. “Nous nous sommes réunis pour ne rien dire. La tutelle nous a promis des commissions mixtes mais, à ce jour, rien de concret”, déplore-t-il. “Pour ce qui est du service civil, la tutelle a ordonné l'installation d'une commission des sages pour prendre en charge le dossier. Mais, paradoxalement, depuis le début de la grève, le ministre de la Santé n'a pas arrêté de répéter que l'abrogation du service civil dépasse ses prérogatives. Alors à quoi sert cette commission ?” s'interroge un résident présent au rassemblement. Par leur action d'hier, les résidents tenaient notamment à dénoncer les dernières déclarations du ministre de la Santé. “Nous sommes choqués par les déclarations du ministre. C'est une humiliation pour nous que le ministre de la Santé parle d'argent. Ça n'a jamais fait partie de nos revendications. Le pire est qu'il ne parle que de l'augmentation des médecins généralistes”, tonne le Dr Sahnoun. La colère était visible sur les visages des résidents suite aux accusations du premier responsable du secteur qui leur reprochait de prendre les malades “en otage”. “Comment peut-on nous accuser de prendre les malades en otage du moment que ces mêmes malades se trouvent parfois obligés d'aller chercher certains médicaments dans les pays voisins. Au service de pédiatrie, nous avons un enfant qui fait des crises d'épilepsie et dont les parents partent jusqu'en Tunisie pour lui acheter le traitement nécessaire. En plus, dans les hôpitaux du nord du pays on fait de la médecine de pointe, telle que la greffe rénale et, paradoxalement, au sud du pays, les médecins n'ont même pas de matériel pour diagnostiquer une insuffisance rénale”, note une résidente. Munis de pancartes et de cartons rouges, les résidents ont longuement hué et sifflé pour dénoncer la gestion de leur dossier par la tutelle. On pouvait lire “bac+12, assez de mépris”, ou “non à la militarisation des hôpitaux” et entendre des slogans hostiles au ministre, comme “super-menteur, manipulateur”, ou encore des revendications telles que “plus de service civil, plus de salaire minable”. à noter que le sit-in d'hier a été marqué par la présence du premier responsable du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) et de celui du Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP) qui tenaient ainsi à exprimer leur soutien, de manière “plus active”, à leurs futurs collègues.