Les responsables tunisiens assurent avoir donné instruction aux professionnels du tourisme afin de traiter leurs voisins de l'Ouest au même titre que les Tunisiens eux-mêmes. Pour redonner des couleurs à un secteur du tourisme aux prises avec les effets pervers d'une “Révolution de Jasmin” ayant forcé l'admiration du monde entier, les responsables du tourisme tunisien engagent la grande bataille de la communication. À l'instar des touristes européens, les Algériens sont la cible d'une véritable opération de charme pour les convaincre d'aller passer leurs vacances d'été en Tunisie. Les détails de cette campagne médiatique ont été rendus publics par M. Habib Ammar, directeur général de l'Office national du tourisme tunisien (ONTT), lors d'une conférence de presse animée mercredi dernier à l'hôtel Hilton (Alger) en présence de l'ambassadeur de Tunisie à Alger. “Pour la première fois, notre ministère a décidé de multiplier par 4 le budget consacré à l'Algérie en le portant à 700 000 dinars tunisiens”, s'est félicité M. Ammar, assurant que cette campagne qui sera lancée début juin, sera portée par trois supports : affichage, télévision et presse écrite. Eductours et journalistes ont été invités début mai en Tunisie pour s'imprégner de la réalité du terrain. Et pas moins de 70 professionnels tunisiens du tourisme ont fait le déplacement à Alger pour prendre part à la 12e édition du Sitev. Pour sa part, M. Ammar a eu des entretiens avec une dizaine de professionnels algériens. C'est dire l'effort consenti par les Tunisiens pour attirer les touristes algériens qui, l'année dernière, étaient plus d'un million à se rendre en Tunisie. Et qu'en est-il de la donne sécuritaire ? “Le problème est réglé à 95%. Ce sont les prisonniers évadés des prisons au plus fort de notre révolution qui ont semé la pagaille. Grâce à nos services de sécurité, ils sont tous arrêtés et la situation est aujourd'hui maîtrisée. Tout cela est derrière nous”, rassure l'ambassadeur de Tunisie à Alger. “Le nombre d'agressions est moins important que l'année dernière. La différence est qu'aujourd'hui, la presse tunisienne, plus libre, en parle”, explique M. Ammar. Connaissant les exigences du touriste algérien, les responsables tunisiens assurent avoir donné instruction aux professionnels du tourisme afin de traiter leurs voisins de l'Ouest au même titre que les Tunisiens eux-mêmes. Ils comptent même intervenir indirectement sur les prix qui, en Tunisie, sont pourtant libres. Mais l'idéal, estime M. Ammar, est que les tour-opérateurs achètent à l'avance et en gros un grand nombre de nuitées pour réduire les coûts de séjour en Tunisie. Son autre vœu : voir les compagnies aériennes des deux pays s'asseoir autour de la table pour réduire le prix du billet Alger-Tunis. En plus de l'agressivité et de la pertinence de leur stratégie de communication, les Tunisiens misent davantage sur les liens de fraternité et de solidarité qui lient les deux peuples. “À chaque fois que les Tunisiens sont en difficulté, ils trouvent à leurs côtés leurs frères algériens, et vice-versa”, souligne l'ambassadeur de Tunisie à Alger. “En 2008, avec la crise qui a affecté l'économie mondiale, ce sont les Algériens qui nous ont aidés à réduire notre manque à gagner”, appuie M. Ammar. Il faut dire que le tourisme tunisien, qui représente 20% des recettes en devises du pays et fait vivre quelque 1,6 million de Tunisiens, a été sérieusement touché. Il a accusé un manque à gagner de 48% en termes de recettes touristiques et une baisse de 41% en matière d'entrées touristiques. Et avec la crise libyenne qui traîne en longueur (plus de 2 millions de Libyens visitaient chaque année la Tunisie), ce sera une véritable catastrophe si les touristes algériens décident de tourner le dos à la Tunisie. Mais les responsables tunisiens ont affiché un optimisme à toute épreuve. “Je n'ai pas de pronostic. Mon objectif est de dépasser la barre du million de touristes”, lance M. Ammar plein d'assurance.