M. Hamiani estime que la liberté d'investir ne devrait être soumise, pour les investisseurs nationaux, à aucune forme d'autorisation administrative préalable, hormis la soumission aux règles générales posées par la loi. Il faut réhabiliter le rôle de la petite et moyenne entreprise nationale, a plaidé, hier, le président du Forum des chefs d'entreprise, Réda Hamiani, à l'ouverture du 10e Symposium international du MDI Alger Business School, organisé à l'hôtel Hilton d'Alger. M. Hamiani, qui a donné un avant-goût des sujets que son organisation compte défendre à la prochaine tripartite, est persuadé que “si tel processus de réhabilitation… était réellement engagé, notre pays sera en mesure de changer progressivement de paradigme économique et de passer d'une économie de gestion de la rente d'hydrocarbures à une économie plus productive et qui exploite rationnellement les importantes ressources dont elle dispose pour générer du développement économique et social et pour répondre aux attentes de notre jeunesse”. Le président du forum souligne le contraste “saisissant de la situation actuelle de l'économie algérienne, marquée par ailleurs par des agrégats économiques très satisfaisants et des performances médiocres”. En un mot, argumente, M. Hamiani, “Si l'on juge par le volume de ressources financières exceptionnelles qu'ont procuré au pays quelque 480 milliards de dollars entre 2000 et 2010 d'exportations, à 90% à base d'hydrocarbures, on peut dire que les résultats ne sont pas au rendez-vous”. “Qu'est-ce qui explique cette inefficacité de l'investissement ? Et pourquoi les taux de croissance tournent-ils autour de 4 à 5% là où on aurait dû s'attendre légitimement à des taux de croissance à deux chiffres ?” s'interroge le président du FCE, qui n'hésite pas à établir un lien direct entre les performances insuffisantes de notre système économique et les faiblesses persistantes qui caractérisent l'organisation institutionnelle du secteur des PME privées nationales. Malgré le rôle économique de premier plan qu'elles jouent, véritable colonne vertébrale de l'économie algérienne, 80% de créations de richesse hors hydrocarbures, secteur pourvoyeur d'emplois, on ne peut pas considérer que la Pme algérienne soit placée, comme elle devrait l'être, au centre de la politique économique nationale. Boualem Aliouat, expert, a relevé que les PME ne contribuent qu'à 21% dans la création de l'emploi en Algérie alors qu'en Europe ce taux se situe entre 60 et 80%. “On est même frappé par le faible intérêt qu'elles suscitent, sur le terrain, de la part des pouvoirs publics”, regrette M. Hamiani. Pour lui, c'est dans le développement de la PME privée que résident les réponses effectives, au problème du chômage qui frappe la jeunesse algérienne, au défi de la diversification de l'économie, à la réduction de la dépendance structurelle à l'égard des importations et au développement des exportations hors hydrocarbures. Le développement de la PME privée nationale constitue, aux yeux du président du FCE, “un défi qui devrait mobiliser l'ensemble des énergies nationales”. Les réponses à ce défi passent par “la libération effective de l'initiative des entrepreneurs nationaux” et par la mise en œuvre, sur le terrain, de l'article 37 de la Constitution qui garantit la liberté de commerce et d'industrie. M. Hamiani estime que la liberté d'investir ne devrait être soumise, pour les investisseurs nationaux, à aucune forme d'autorisation administrative préalable, hormis la soumission aux règles générales posées par la loi ou dans le cas de recherche d'incitations fiscales ou avantages économiques particuliers, tels que décrétées par le régime de la convention au sens de la législation en vigueur en matière d'investissement. Le président du FCE évoque également la non-discrimination des entreprises nationales, qu'elles soient privées ou publiques. “L'égalité de traitement devrait être la règle de base qu'il s'agisse de l'accès aux financements, au foncier ou à toutes formes de soutien prodigué par les autorités économiques nationales”, souligne-t-il. Enfin la stabilité du cadre législatif et réglementaire régissant le fonctionnement de l'économie nationale est indispensable. Le président du FCE estime, là aussi, qu'“une stabilisation de règles, au moins pour cinq ans, sur la base d'un consensus auquel adhéreront toutes les organisations patronales, constitue une condition essentielle, un prérequis pour une relance du développement économique et social national”. Le Symposium international du MDI Alger Business School, qui se poursuit aujourd'hui, a abordé aussi les expériences internationales à travers des communications, entre autres, de Christophe Bernard qui a présenté un regard sur le développement des PME familiales françaises, et de Farid Chaouki, qui a expliqué les besoins des PME marocaines en croissance.